Le débat autour de l’accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda continue d’enflammer la scène politique congolaise. Dans une lettre ouverte adressée ce lundi 7 juillet à l’honorable Tony Mwaba Kazadi, député de l’UDPS, Me Ramazani Bekola Rodrigue, secrétaire général du parti d’opposition Envol, dénonce avec fermeté ce qu’il qualifie de « recul diplomatique » et de « reddition narrative » de la part du gouvernement congolais.
Cette prise de parole fait suite à la réaction de Tony Mwaba à une précédente lettre ouverte de Me Thomas Luhaka, ancien ministre et figure de l’opposition. Pour Me Bekola, les critiques de l’élu de la majorité présidentielle éludent les vraies questions en se concentrant sur des attaques personnelles et non sur le contenu problématique de l’accord signé à Washington.
« Vous affirmez que cet accord est une mise en œuvre de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité. Or, c’est tout le contraire : il en vide le cœur en subordonnant le retrait des troupes rwandaises à des conditions qui n’y figurent pas », dénonce le cadre d’Envol. Il évoque un « contournement juridique » de la résolution onusienne du 21 février 2025, qui exigeait le retrait immédiat et inconditionnel des Forces de Défense Rwandaises (RDF) du territoire congolais.
Un accord au service des exigences rwandaises
Au cœur de la critique de Me Bekola : le fait que l’accord de Washington ne désigne pas explicitement le Rwanda comme agresseur, tout en imposant à la RDC de mettre fin à tout soutien supposé aux FDLR. Une disposition perçue comme une concession excessive, voire un aveu déguisé de culpabilité pour Kinshasa.
« Pendant que nous débattons, les troupes rwandaises restent bien installées sur notre sol », s’indigne-t-il, soulignant que le dernier rapport des experts de l’ONU de juillet 2025 confirme l’implication directe du Rwanda dans l’agression.
Tout en récusant les accusations de division nationale, Me Bekola affirme que critiquer un accord jugé nuisible n’est pas un manque de patriotisme, mais un devoir. Il fustige le silence diplomatique du gouvernement face aux exactions subies à l’Est du pays.
Citant à plusieurs reprises le président de son parti, Delly Sesanga, il déclare :
« Ce n’est pas la critique qui divise. C’est le mensonge d’État, l’incompétence impunie et l’engagement du pays dans des accords que nul n’a débattus. »
Appel à une diplomatie de souveraineté
Pour Me Ramazani Bekola, l’accord signé à Washington ne constitue pas un pas vers la paix, mais une faute stratégique qui affaiblit la position du pays sur le plan international. Il appelle à une refondation de la politique étrangère congolaise, « claire, ferme et souveraine », à même de protéger les intérêts de la RDC et d’en finir avec les solutions imposées sous pression internationale.
« Là où vous avez tenté de défendre l’indéfendable, nous avons choisi d’en dénoncer lucidement les pièges », conclut-il.
L’accord de Washington, signé récemment entre la RDC et le Rwanda sous l’égide de partenaires internationaux, a pour objectif officiel de favoriser une désescalade dans la région des Grands Lacs. Mais son absence de reconnaissance explicite de l’agression rwandaise, couplée à des concessions jugées disproportionnées, en fait une source de vive controverse au sein de la classe politique congolaise.