Les violences en milieu scolaire, notamment les violences sexuelles et autres atteintes aux droits de l’enfant, compromettent gravement le parcours éducatif et le bien-être des apprenants. Cette problématique était au centre des échanges entre la ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté, Raïssa Malu Dinanga, et le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du renforcement de la collaboration intersectorielle au sein du gouvernement central. À l’issue de cette séance de travail, le ministre d’État en charge de la Justice a salué les mécanismes déjà mis en place par le secteur de l’Éducation, tant en matière de prévention que de sanctions administratives. Il a également relevé les efforts déployés pour faire face à la recrudescence des violations des droits de l’enfant en milieu scolaire, rappelant que ces actes constituent une atteinte grave à la Convention relative aux droits de l’enfant, fondée sur le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant.
"J’ai découvert avec beaucoup d’admiration les mesures et les mécanismes mis en place par la ministre d’État, ministre de l’Éducation, d’abord dans les aspects de prévention, ensuite dans les aspects liés à la sanction. J’ai constaté que, face à la montée des violations des droits de l’enfant car lorsqu’on parle de violences sexuelles en milieu éducatif, il s’agit clairement d’une violation de la Convention relative aux droits de l’enfant , la stratégie mise en place par la ministre d’État, ministre de l’Éducation, est conforme à cette convention. Comme vous le savez, en ce qui concerne l’enfant, seul l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer", a déclaré mardi 23 décembre devant la presse Guillaume Ngefa à l'issue de l'entretien.
Le Garde des Sceaux a insisté sur la nécessité d’une articulation cohérente entre sanctions administratives et réponse judiciaire, soulignant que certaines mesures disciplinaires, bien que nécessaires, ne sauraient suffire lorsque les faits sont susceptibles d’être qualifiés de crimes par la législation Nationale.
À la demande de la Ministre d’État en charge de l’Éducation nationale, Raïssa MALU, le Ministère de la Justice s’est dit disposé à renforcer le référencement systématique de ces cas vers les instances judiciaires compétentes, afin de garantir une réponse ferme, dissuasive et durable.
"Des mesures administratives ont été prises pour sanctionner le personnel et les acteurs du secteur de l’éducation reconnus responsables de ces actes, lesquels, s’ils sont présentés devant un juge indépendant, peuvent constituer des crimes au regard de la loi nationale. Il est vrai que certains de ces cas ont été référés au niveau de la justice. Face à la montée de ces phénomènes, il était très important de trouver une articulation entre les volets administratifs, les sanctions administratives et la réponse judiciaire. Notre rôle, à la demande bien sûr de monsieur le ministre de l’Éducation, est aussi de référer ces cas au niveau de la justice afin qu’il y ait une réponse, pas seulement administrative. En effet, les sanctions administratives peuvent aboutir au fait que la personne reprenne le travail, mais il faut également une réponse judiciaire pour prévenir durablement ces situations", a souligné le ministre Guillaume Ngefa.
Les deux ministres ont également convenu de la mise en place d’un cadre de concertation régulière pour évaluer les avancées, identifier les défis et ajuster les stratégies.
"Madame le ministre de l’Éducation a dit une phrase que je trouve assez extraordinaire : on ne pourra pas éradiquer totalement ce phénomène, mais on pourra arriver à le minimiser. Il faut que, dans nos écoles, nos enfants puissent bénéficier d’une éducation de qualité, non seulement conforme à nos valeurs, mais aussi évoluer dans un environnement propice aux valeurs de notre société, à la tolérance, sans être victimes d’actes contraires à la loi", a ajouté le ministre Guillaume Ngefa.
Dans ce cadre, la création d’un One Stop Center a été annoncée. Cette structure intégrée réunira les acteurs administratifs, judiciaires et techniques, avec des points focaux désignés au sein des cabinets ministériels, afin d’assurer une réponse coordonnée et efficace.
"Nous sommes convenus de nous retrouver régulièrement pour faire le point, voir les avancées et les défis. Bien sûr, il y aura ce que l’on appelle les « One Stop Centers », qui regrouperont tous les acteurs intéressés par cette dynamique. Cela comprendra aussi les membres de nos cabinets avec des points focaux, afin que nous puissions travailler de façon intégrée, pour une réponse intégrée : administrative et judiciaire. D’ailleurs, cela s’inscrit dans le cadre de la politique gouvernementale visant à créer un environnement propice à l’éducation. Les enfants constituent plus de la moitié de la population congolaise. C’est donc un phénomène très important, car c’est cela qui garantira aussi l’avenir de nos enfants, filles comme garçons, puisque les garçons peuvent également être victimes de ces situations", a indiqué le Ministre Guillaume Ngefa.
Cette séance de travail intervient à l’issue de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG). En République démocratique du Congo, les violences en milieu scolaire constituent un enjeu majeur, régulièrement mis en lumière durant cette campagne, organisée chaque année du 25 novembre au 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme.
Cette mobilisation rassemble plusieurs acteurs, notamment le gouvernement, l’UNFPA et diverses organisations non gouvernementales, autour d’actions de sensibilisation et de lutte contre le harcèlement y compris en ligne , les abus sexuels et d’autres formes de violences visant les élèves et les étudiantes. Au cours de cette campagne, les échanges portent également sur les violences numériques, le rôle des institutions publiques notamment les ministères sectoriels et la Police nationale congolaise (PNC) ainsi que sur la nécessité de renforcer les mécanismes de protection et l’éducation des jeunes afin de créer un environnement scolaire plus sûr.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la politique gouvernementale visant à garantir un cadre éducatif sécurisé et protecteur, conforme aux valeurs de la société congolaise et respectueux des droits de l’enfant.
Clément MUAMBA