Prince Alfred Ntumba, Directeur général du groupe de presse Environews RDC
Alfredo Prince Ntumba, journaliste et directeur général d’Environews RDC, est la cible de menaces pour avoir dénoncé un complot visant les intérêts de la République démocratique du Congo. Ses analyses sur la campagne de désinformation menée contre le partenariat stratégique entre l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et le sanctuaire indien Vantara ont mis au jour l’existence d’un réseau opaque. Celui-ci, composé de certains acteurs de la société civile environnementale, bénéficierait du soutien financier d’un homme d’affaires belge basé à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga.
De toute évidence, des efforts minutieusement orchestrés ont été déployés pour faire échouer ce partenariat, dont l’objectif est de renforcer l’ICCN en tant qu’autorité nationale de conservation de la biodiversité. Une source proche du dossier indique que ce groupe d’acteurs de la société civile, mobilisé par un intermédiaire, agirait dans l’intérêt de ce ressortissant belge, qui le financerait dans le but de faire capoter l’accord à tout prix.
« Ce Belge vit au Katanga depuis plusieurs années. Ancien hôtelier, il s’est reconverti dans la conservation, un domaine dans lequel il mène aujourd’hui un important business. En apprenant l’arrivée de Vantara en partenariat avec l’ICCN, il a rapidement compris que cela menaçait la prospérité de ses affaires. Il a alors décidé de tout faire échouer. Malheureusement, il utilise un journaliste qu’il paie chichement pour mener cette sale mission. Cet intermédiaire a perçu de l’argent pour mobiliser certains acteurs de la société civile et les convaincre de se prêter à ce sombre dessein », confie notre source.
Ces déclarations confirment les révélations antérieures faisant état de la mobilisation d’acteurs de la société civile environnementale, moyennant une rétribution de 50 dollars, afin d’organiser une conférence de presse. Celle-ci visait à dénoncer la décision de la Haute Cour indienne relative à une plainte contre Vantara, tout en exigeant de l’ICCN la publication du mémorandum d’entente (MoU) signé entre les deux parties.
Dans sa dernière publication, le directeur général d’Environews RDC a mis en lumière une campagne de sape destinée à décourager toute analyse objective de ce dossier. Selon lui, la conférence de presse projetée devait également servir de cadre à des attaques personnelles ciblées contre sa personne et contre Tosi Mpanu Mpanu, conseiller du chef de l’État en matière d’environnement.
Joint par téléphone, Alfredo Prince Ntumba confirme être victime d’appels anonymes et de messages de menace.
« Depuis quelque temps, je suis la cible des détracteurs de l’ICCN. J’ai déjà reçu deux appels me menaçant en raison de mes positions tranchées dans ce dossier. J’apprends qu’un ressortissant belge serait derrière ces menaces. Tout ce qui pourrait m’arriver relèvera de sa responsabilité », avertit-il.
Le journaliste annonce son intention de saisir les corporations professionnelles et les organisations de défense des droits des journalistes, notamment Journaliste en Danger (JED), afin que son cas soit placé sous surveillance, estimant que sa vie est sérieusement menacée.
Cette affaire relance le débat public sur le rôle parfois trouble joué par certains acteurs de la société civile. Pour de petits intérêts personnels, certains n’hésitent pas à sacrifier les intérêts supérieurs de la République. La situation dans l’Est de la RDC en est une illustration éloquente, avec des ramifications impliquant des autorités politico-militaires et des acteurs de la société civile dans le business de la guerre.
En attendant, l’ensemble de la corporation médiatique congolaise apporte son soutien indéfectible à Alfredo Prince Ntumba, saluant le professionnalisme, la rigueur et la passion avec lesquels il exerce son métier, faisant de lui une fierté pour les journalistes spécialisés dans les questions environnementales.
