La RDC et le Rwanda ont franchi une nouvelle étape dans la mise en œuvre d’un plan soutenu par les États-Unis visant à neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et à organiser le retrait progressif des troupes rwandaises du territoire congolais. Mais sur le terrain, les combats se poursuivent avec des mouvements du M23, soutenu par Kigali selon Kinshasa, qui a renforcé ses positions dans le Nord-Kivu et progressé dans le Sud-Kivu.
Les 17 et 18 septembre, le Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM) s’est réuni à Washington avec la participation de la RDC, du Rwanda, des États-Unis, du Togo, du Qatar et de l’Union africaine. Les délégations se sont accordées sur un « ordre opérationnel » prévoyant le lancement des opérations contre les FDLR le 1er octobre. Selon Reuters, les actions conjointes, incluant aussi le retrait des troupes rwandaises, devraient s’étendre entre le 21 et le 31 octobre, avec pour objectif une mise en œuvre complète d’ici la fin de l’année 2025.
Les divergences restent fortes : Kigali estime que les FDLR comptent entre 2 000 et 3 000 combattants, Kinshasa ramène ce chiffre à 1 500. La question du rôle du M23 a également bloqué les discussions. Kinshasa a proposé un plan de neutralisation impliquant le Rwanda et le M23, mais Kigali a rétorqué que la responsabilité revenait uniquement aux autorités congolaises.
Dans le Nord-Kivu, le M23 a déplacé troupes et armements lourds vers plusieurs villages du Lubero, notamment Katondi, Kipese et Kirumba, selon des sources locales citées par la presse congolaise. La crainte est que le mouvement prépare une attaque contre Lubero et les milices pro-gouvernementales Wazalendo.
Dans le Sud-Kivu, le M23 a progressé depuis Nzibira (territoire de Walungu) et mené des attaques contre plusieurs villages, dont Ndiba. Le 25 septembre, des positions Wazalendo ont été visées dans les groupements de Kaniola et Kamisimibi. Le lendemain, le général Bernard Byamungu, numéro deux du mouvement, a tenu un meeting public à Nzibira.
À Goma, le M23 a conduit le 25 septembre une opération de ratissage dans la commune de Karisimbi, procédant à des fouilles et à des arrestations, notamment de jeunes et de responsables religieux soupçonnés de liens avec les réseaux pro-gouvernementaux.
À la tribune des Nations unies, le 25 septembre, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a accusé Kinshasa de ralentir l’application de l’accord de paix signé en juin à Washington. Il a dénoncé la « militarisation » accrue de l’est congolais, l’usage de mercenaires, de drones et d’avions de combat, ainsi que la coopération entre les FARDC et les FDLR. Kigali dit aussi s’inquiéter du rôle des milices Wazalendo, comparées par le ministre aux milices génocidaires de 1994.
Kinshasa, de son côté, maintient sa coopération avec ces groupes armés locaux, jugés essentiels pour contenir l’avancée du M23 dans plusieurs localités du Nord et du Sud-Kivu.
La prochaine réunion du JSCM est prévue à Washington les 21 et 22 octobre, avec pour objectif d’évaluer les premiers pas de la mise en œuvre du plan.