Le gouvernement ambitionne de régler la question relative à la faible présence de la main-d’œuvre nationale dans les métiers de base en République Démocratique du Congo. C'est dans ce cadre que la première Ministre, Judith Suminwa Tuluka, a procédé ce samedi 13 septembre au lancement officiel de la campagne nationale d'information sur la Valorisation des Acquis de l’Expérience (VAE). La cérémonie s’est tenue au chapiteau du Pullman Hôtel de Kinshasa, en présence de plusieurs membres du Gouvernement, des partenaires techniques tels que l'ONEM, Pay Network et des acteurs du secteur de la formation professionnelle.
Cette initiative fait suite à la directive du Président Félix-Antoine Tshisekedi, formulée lors de la 51ᵉ réunion du Conseil des ministres, appelant à intégrer la formation professionnelle dans les nouveaux projets d'investissement. Elle vise à reconnaître et certifier les compétences acquises en dehors des circuits formels, offrant ainsi de nouvelles perspectives aux travailleurs du secteur informel en République Démocratique du Congo.
« C'est avec joie, et une foi renouvelée en la dignité du travail, que j'ouvre officiellement les activités de la Valorisation des Acquis de l'Expérience. Trop de compétences restent invisibles, trop de talents ne sont pas certifiés. Ce processus apporte une réponse concrète à la nécessité de formaliser l'informel et d'améliorer l'employabilité au sein de notre société », a déclaré Judith Suminwa dans son mot de circonstance.
La Cheffe du gouvernement central a insisté sur l’importance de transformer l’expérience professionnelle en diplôme reconnu, afin d’offrir à chaque citoyen la possibilité d’évoluer dans le marché du travail et de contribuer à la croissance nationale. À l'en croire, cette initiative s’inscrit dans la dynamique du Programme d’Actions du Gouvernement 2024-2028 et constitue un levier essentiel pour atteindre les objectifs de développement du pays.
« Valoriser les acquis d'expérience, c'est reconnaître la valeur du travail et préparer l'avenir de notre pays.En valorisant les compétences de nos concitoyens, nous préparons la RDC à relever les défis de demain et à s’imposer comme une nation résolument tournée vers l’avenir », a fait savoir la première ministre Judith Suminwa Tuluka.
La formation professionnelle au cœur de la vie quotidienne
Pour sa part, le Ministre d'État, ministre de la Formation professionnelle, Marc Ekila a rappelé l’omniprésence et l’importance des métiers techniques au quotidien.
« Tous les jours de notre vie, nous avons besoin d’un coiffeur, d’un mécanicien, d’un tailleur, d’un chauffeur, d’un électricien, d’un cuisinier, d’un jardinier, d’un plombier... Ce qui fait notre vie quotidienne, c’est la formation professionnelle. Revenant à cette journée consacrée aux acquis de l’expérience dont le contenu a été précédemment présenté, je m’en vais vous informer que cette expérience est la toute première depuis l’accession de notre pays à l’indépendance », a-t-il affirmé dans son discours.
Ce membre du gouvernement Suminwa a également illustré l’impact direct de la VAE à travers un exemple concret :
« Aujourd’hui, 22 dépendants de militaires formés gratuitement grâce au programme du Gouvernement signent des contrats de travail avec la société SOGEREF. Ils ont été formés à partir de zéro, et cette intégration dans la vie active illustre parfaitement la réussite de ce dispositif », a souligné Marc Ekila.
Kinshasa, ville pilote du programme
Le Ministre provincial du Plan, du Budget, de l’Emploi et du Tourisme, Jesus-Noël Sheke, a salué le choix de Kinshasa comme ville pilote pour la mise en œuvre de la VAE.
« Ce programme s’inscrit dans la vision du gouvernement provincial à travers l’initiative "Kin Ezo Bonga", qui place la valorisation du capital humain et la formalisation de l’économie au cœur de nos priorités », a-t-il déclaré lors de sa prise de parole.
Dans la continuité de cette démarche, un Programme Provincial de la Professionnalisation et de la Formalisation des Métiers (PPPFM) sera lancé prochainement pour renforcer l’impact de la VAE au niveau local. Pour la matérialisation de cette initiative, le gouvernement de la République via le ministère de la formation professionnelle a signé un mémorandum d'entente (MoU) avec Pay Network sarl.Fondée en février 2007, Pay Network sarl s’appuie sur plus d’une décennie d’expérience à la croisée de l’Afrique et de l’Europe, dans les domaines de la gestion des ressources humaines et des technologies de l’information et de la communication.
“En soutenant la VAE, nous contribuons, non seulement au développement de nos entreprises, mais aussi à la justice sociale, à l’inclusion et à la stabilité économique nationale. C’est donc pourquoi, en partenariat avec l’agence CSB, Pay Network, dans le cadre du partenariat public/privé, n’a pas hésité à apporter son appui tant technique que financier au Ministère de la Formation Professionnelle pour l’accompagner dans la réussite de son valeureux projet de mise en œuvre de la VAE en RDC. Il s’agira ainsi pour l’Agence CSB d’assurer un appui pédagogique concernant le dispositif VAE afin de concourir au développement d’un accompagnement structuré auprès des candidats. Et, quant à Pay Network, de se charger de relier les certifiés issus de la VAE au marché du travail afin de favoriser l’insertion professionnelle des candidats", a fait savoir Madame Yvonne Kusuamina, Associée - Gérante Statutaire chez Pay Network
La VAE : un outil d’inclusion et de reconnaissance
La Valorisation des Acquis de l’Expérience (VAE) permet à toute personne disposant d’une expérience d’au moins trois ans dans un métier donné, mais sans diplôme officiel, d’obtenir une certification professionnelle reconnue par l’État. Ce dispositif est ouvert à tous, sans condition d’âge, et prend en compte les parcours professionnels et personnels. Selon le Gouvernement, cette démarche vise à réduire la stigmatisation du secteur informel et à répondre aux besoins des entreprises, notamment dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
Perspectives et enjeux
La campagne nationale d'information sur la VAE marque une étape majeure dans la réforme du marché du travail en RDC. Elle vise à : réduire le chômage en facilitant l’accès des travailleurs informels à des emplois formels; répondre aux besoins du secteur privé en main-d’œuvre qualifiée et certifiée; promouvoir l’inclusion sociale en donnant une reconnaissance officielle aux talents jusque-là ignorés; stimuler la croissance économique par la professionnalisation des métiers et la valorisation du savoir-faire local.
Rappelons que créer plus d’emplois pour absorber les dizaines de milliers de jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année et réduire le niveau de sous-emploi, est le premier de six engagements du second mandat du Président de la République Félix Tshisekedi.
Clément MUAMBA