Silencieux depuis la clôture de ses consultations menées dans les villes de Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu), l'ancien Président de la République Joseph Kabila a, une nouvelle fois, brisé le silence pour évoquer les différents sujets d'actualités au pays. Il s’est exprimé sur plusieurs sujets notamment le procès contre lui devant la Haute cour militaire.
"Le simulacre de procès intenté contre ma personne, les arrestations de nombreux officiers supérieurs et la gouvernance téméraire qui prévaut dans le pays ne sont pas des événements isolés : ce sont les symptômes d’une crise plus profonde de leadership, de justice et d’orientation nationale", a -t-il dit.
M. Kabila a dénoncé la démarche du Sénat qui a "illégalement" levé ses immunités d’ancien Président de la République. Pour Joseph Kabila, les griefs retenus contre lui sont motivés par des intérêts politiques et judiciaires.
"En mai 2025, le Sénat a illégalement et inconstitutionnellement levé les immunités de l’ancien Président et Sénateur à vie, une garantie constitutionnelle conçue pour éviter la tentation de s’accrocher indéfiniment au pouvoir par tout Président en exercice, par peur de poursuites judiciaires infondées une fois son mandat achevé. Cette décision sans précédent a ouvert la voie à une juridiction militaire de Kinshasa pour engager des poursuites contre ma personne pour des accusations de trahison, crimes de guerre, meurtre, viol, torture, soutien à des insurrections armées et complicité avec l’AFC/M23", a indiqué Joseph Kabila.
Il a déploré le manque des preuves tangibles à toutes ces accusations contre sa personne.
"Ces accusations mensongères, politiquement motivées, sont orchestrées par un leadership désespéré d’échapper à ses propres responsabilités. En réalité, tout au long de la procédure décriée, aucune preuve tangible n’a été présentée pour étayer ces accusations. Ce procès n’a rien à voir avec la justice : il s’agit de réduire l’opposition au silence et de tenter d’écarter un acteur politique majeur de la scène nationale, afin de permettre au régime de régner sans partage et indéfiniment, comme en témoigne sa récente tentative de modifier la Constitution à cette fin".
Cette procédure judiciaire contre Joseph Kabila a provoqué une vive réaction au sein de l'opposition au niveau interne. Dans différentes déclarations, l'opposition non armée et armée qui dénonce une manœuvre politique visant à écarter un acteur clé de la scène congolaise, demande le rejet pur et simple du réquisitoire en vue de privilégier la cohésion nationale dans un contexte marqué par l'agression rwandaise via la rébellion de l'AFC/M23 dans l'Est de la République Démocratique du Congo.
Après lecture du réquisitoire par le Lieutenant Général Likulia Bakumi Lucien-René, Auditeur général des FARDC, la haute Cour militaire s'estime suffisamment éclairée et a pris l'affaire en délibéré promettant de rendre son arrêt dans le délai prévu par la loi.
Clément MUAMBA