Offensives de l’AFC/M23 au Sud-Kivu : à Strasbourg, des Congolais de la diaspora pressent les eurodéputés de renforcer le contrôle de l’application des sanctions contre Kigali et d’envisager de nouvelles mesures correctives

Photo d'illustration
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Sous la présidence de la députée européenne Hilde Josée Jeanne Vautmans, une session d’information s’est tenue mercredi 17 décembre 2025 au Parlement européen sur la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, après la prise de la ville d’Uvira par la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par l’armée rwandaise, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), avant l’annonce de son retrait conformément à la demande des États-Unis d’Amérique.

À cette occasion, Hilde Josée Jeanne Vautmans, de nationalité belge et présidente de la délégation du Parlement européen auprès de l’Assemblée parlementaire Afrique-UE, a dénoncé la reprise des violences ainsi que le non-respect des accords de Washington par le Rwanda, qu’elle accuse de soutenir la rébellion de l’AFC/M23.

"Je suis profondément attristé de devoir convoquer une nouvelle réunion sur la situation humanitaire dramatique dans l'est de la RDC. Alors que l'encre du soit disant accord de paix de Washington n'a pas encore séché, la violence ne s'est absolument pas arrêtée, bien au contraire, il y a quelques jours la ville d'Uvira est tombée entre les mains du mouvement M23 soutenu par le Rwanda, et nous sommes préoccupés et déçus par la reprise de violence aujourd'hui dans l'Est de la RDC" a dénoncé la députée européenne Hilde Josée Jeanne Vautmans lors de son intervention

Et de poursuivre :

"Des rapports crédibles font état d'un recours accru à des drones suicides et à l'artillerie par le M23 et le Rwanda, y compris des frappes en direction du Burundi. Le Rwanda entraîne la région vers davantage d'instabilité et de guerre. Nous devons utiliser tous les instruments à notre disposition pour demander des comptes à ceux qui sabotent la paix "

Un groupe de Congolais engagés de la diaspora vivant en Belgique a pris part à cette séance d’information au Parlement européen à Strasbourg (France) afin de dénoncer la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est de la RDC, marquée par des violences, des déplacements massifs de populations, des pillages et des crimes contre l’humanité.

À cette occasion, ils ont déposé un mémorandum auprès de la députée européenne Hilde Vautmans, appelant à l’imposition de sanctions contre le Rwanda et ses alliés du M23-AFC, qui poursuivent leurs offensives malgré les accords de Washington, laissant derrière eux de nombreuses victimes, des morts, des déplacés ainsi que d’importantes destructions et exactions.

"Nous, délégation de la diaspora congolaise de Belgique présente à Strasbourg, attendons notamment que le Parlement  européen organise un contrôle public de l’exécution des sanctions en exigeant un état des lieux documenté et périodique : ce qui est décidé, ce qui est appliqué, ce qui est contourné, et quelles mesures correctrices sont prises. Le Parlement dispose d’un pouvoir politique réel sur la cohérence des instruments extérieurs. Il peut exiger que les coopérations à effet de levier (programmes, facilités, appuis) soient 
strictement conditionnées à des progrès vérifiés (retrait effectif, cessation de soutien, accès humanitaire), et suspendues en cas de non-respect constaté" dit le mémorandum de Congolais engagés de la diaspora vivant en Belgique

Et de poursuivre :

"Le Parlement peut demander que la politique commerciale, les partenariats stratégiques et les chaînes d’approvisionnement sont évaluées à l’aune d’un principe clair : aucune politique européenne ne doit contribuer, directement ou indirectement, à une économie de guerre ou à un système d’incitations à la violence. En termes de redevabilité pénale : briser l’impunité, protéger les civils, stabiliser durablement. Les accords de cessez-le-feu et les arrangements diplomatiques perdent leur force lorsque les crimes graves restent sans suite. La stabilisation de l’Est de la RDC exige une stratégie explicite 
de redevabilité"

Cette démarche témoigne de la détermination des Congolais de la diaspora à prendre position en faveur de la paix et de la sécurité dans leur pays d’origine. Ils appellent la communauté internationale à prendre des mesures concrètes afin de mettre fin à la violence et à la souffrance des populations de l’Est de la RDC. Au mois de novembre dernier, ce même groupe de Congolais avait investi les rues de Bruxelles (Belgique) pour exiger le rétablissement de la paix dans cette région meurtrie par près de trois décennies de conflits armés.

La Ville d’Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, était passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant ainsi son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel, susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.

Après une série de pressions de la communauté internationale, plusieurs pays, en particulier les États-Unis d’Amérique, ont dénoncé cette attitude de la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda. Pour Washington, Kigali n’a pas respecté ses engagements. C’est dans ce contexte que l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a annoncé le retrait unilatéral de ses forces de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, afin de se conformer à la demande de l’un des médiateurs dans la crise qui secoue la région des Grands Lacs, à savoir les États-Unis d’Amérique. Selon un communiqué signé  lundi 15 décembre 2025 par Corneille Nangaa, coordonnateur politique de la rébellion, l’objectif poursuivi est de donner une chance aux processus de paix en cours.

Au lendemain de l'occupation des villes de Goma et Bukavu au mois de février dernier, la pression s’était  accentuée sur la rébellion de l'AFC/M23 et ses soutiens. Les eurodéputés avaient appelé dans leur majorité, le Rwanda à retirer ses troupes de la République démocratique du Congo. Lors de cette plénière, les députés ont voté une résolution de condamnation de l’agression rwandaise en cours dans l’est congolais. La résolution a été adoptée avec 443 voix pour, 4 contre et 48 abstentions.

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Clément MUAMBA