En dépit de la signature de la Déclaration de principes et le partage du projet d'accord aux parties prenantes par la médiation, le processus de Doha piloté par l'État du Qatar marque les pas sans des avancées concrètes sur terrain. Au cours d'une conférence de presse ce lundi 1er septembre à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Corneille Nangaa, coordonnateur politique de l'AFC/M23 a accusé le régime Tshisekedi d'avoir violé l'un des points majeurs de la déclaration de principes à savoir la libération des prisonniers proches de l'AFC/M23.
"La Déclaration de Doha est claire : libérer les prisonniers soupçonnés de collaboration avec l’AFC/M23. Cet acte n’est pas un cadeau à l’Alliance ou au peuple congolais. Il représente plutôt un devoir de justice, une réparation sociale et morale. Plutôt que d’honorer cet engagement, Kinshasa persiste dans l’iniquité : des centaines de nos compatriotes croupissent injustement dans les geôles, souvent accusés sans preuves matérielles", a indiqué Corneille Nangaa.
Il a attiré l'attention de la communauté internationale et des organisations régionales. À l'en croire, Kinshasa bloque l'avancement des discussions censées aboutir à la signature de l'accord de paix.
"L’AFC/M23 interpelle solennellement la Médiation du Qatar, l’Union Africaine, les Nations Unies, les partenaires bilatéraux et multilatéraux, en affirmant que le blocage ne vient pas de l’AFC/M23. Le blocage vient d’un régime qui renie sa propre signature. Le blocage vient d’un pouvoir qui, après avoir apposé son nom à Doha, choisit, comme à son habitude, la trahison. L’AFC/M23 appelle la communauté internationale à regarder la vérité en face et à en assumer les responsabilités: fermer les yeux aujourd’hui, c’est cautionner demain des crimes les plus graves encore, au détriment de la population congolaise", a déclaré Corneille Nangaa.
Par ailleurs, M. Nangaa affirme que l’AFC/M23 dénonce et condamne des attaques des forces gouvernementales contre ses positions violent le cessez-le-feu permanent et promet de se défendre.
"À Doha, nous avons tendu la main, nous avons signé, nous avons cru à la force de la parole donnée. Mais face à la trahison, au mépris et à la barbarie, nous avons le devoir sacré d’assurer la légitime défense. L'AFC/M23 réaffirme son attachement à la paix, mais ne se dérobera nullement à sa responsabilité consistant à défendre les populations civiles".
Et d’insister: “...l’AFC-M23 se tient prête politiquement, pour porter la voix de la paix ; prête militairement, pour repousser la barbarie ; prête moralement, pour supporter tous les sacrifices nécessaires à la libération du peuple congolais”.
En ce qui concerne le cessez-le-feu, Kinshasa et l’AFC/M23 s’accusent de violer cette mesure. Ce lundi 1er septembre, la troisième zone de défense des FARDC a notamment dénoncé "le comportement et envie belliqueux" des rebelles dans le territoire de Walikale où, d’après l’armée, "leurs hommes en patrouille de combat sur la colline Kimoo, surplombant la cité de Mikumbi, ont méchamment incendié plusieurs maisons d'habitation à Kibati, avant d'enlever une dizaine de concitoyens congolais pour une destination inconnue en toute indifférence morale".
L’armée accuse aussi l’AFC/M23 d’avoir arrêté le 28 août dernier, "plusieurs jeunes, dont certains mineurs d'âge, qu'ils utilisent tantôt comme pisteurs, mais aussi comme bouclier humains dans les localités de Bukumbirwa et Musanga, dans le groupement Ikobo, en territoire de walikale".
Au lendemain de l'occupation des villes de Goma et Bukavu par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, des efforts diplomatiques majeurs sont en cours pour tenter de résoudre la crise sécuritaire entre Kinshasa et ce mouvement. L’Accord de Washington signé grâce aux États-Unis d'Amérique et le processus de Doha piloté par l'État du Qatar sont les deux volets complémentaires d’une initiative diplomatique majeure visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés comme l'AFC/M23.
Après la signature de la déclaration de principes, les engagements mutuels censés poser les bases d’un futur accord de paix global peinent à se matérialiser. Les mesures de confiance considérées comme indispensables à la reprise des pourparlers début août en vue de parvenir à un accord de paix global restent jusque-là sans effet. Face à cette situation et au regard du blocage constaté dans la mise en œuvre de cette déclaration ont fait peser des risques réels sur la suite du processus alors que selon le chronogramme contenu dans la déclaration de principes signée à Doha, les parties s'étaient engagées à reprendre les discussions sur un accord de paix au plus tard le 8 Août 2025 avec en ligne de mire la signature d’un accord de paix global prévue le 17 août 2025.
Clément MUAMBA