Nord-Kivu: des violences à la frontière de Walikale ont aggravé la situation humanitaire déjà fragilisée, plus de 300 000 personnes toujours déplacées dans le territoire de Masisi (OCHA)

Le site des déplacés de Lushagala
Le site des déplacés de Lushagala

Dans son rapport produit en collaboration avec ses partenaires humanitaires, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA RDC) dresse un tableau sombre de la situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Nord-Kivu dont une grande partie est sous contrôle de la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Ce nouveau rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) rendu public mardi 17 juin 2025 couvre la période du 1er au 31 mai 2025. Dans le territoire de Masisi révèle le document, la situation sécuritaire demeure instable dans les ZS de Masisi et Mweso, malgré une légère dynamique de retour depuis février 2025. 

"Le 8 mai, des combats ont éclaté à Lushebere, à 17 km au nord de Masisi-centre, puis se sont étendus aux villages voisins, provoquant le déplacement de plus de 3 000 personnes vers Bukombo, Buhangala, Loashi, Mukohwa et Masisi-centre.Le 18 mai, les affrontements se sont intensifiés dans plusieurs villages autour de Mweso, causant la morts d’au moins quatre civils, l’incendie de maisons et la fuite de plus de 16 000 personnes vers Mweso, Kashuga et Kalembe. Le 27 mai, douze corps ont été retrouvés dans la localité de Kiringi, probablement victimes des combats du 23 mai", rapporte le document de OCHA.

Par ailleurs, poursuit le rapport de OCHA, le 2 mai, des violences à Kashovu, à la frontière de Walikale, ont aggravé la situation humanitaire déjà fragilisée par les déplacements. Malgré la vague de retours observée depuis février, plus de 300 000 personnes étaient toujours déplacées dans le territoire de Masisi au 30 avril, soit plus de 18 % de la population déplacée du Nord-Kivu.

Territoire de Beni

Selon le rapport de OCHA, en date du 3 mai, de nouveaux affrontements entre groupes armés ont éclaté à Kabweke, entraînant la fuite de plusieurs centaines de personnes vers les villages de Cantine et Mununze, au nord-ouest de Beni, ainsi que vers Njiapanda, Biakato et Makumo dans le territoire de Mambasa, en Ituri, à la frontière du Nord-Kivu. 

"Les chiffres précis restent difficiles à établir en raison de l’accès limité et de la fluidité des mouvements de population. Par ailleurs, des sources locales ont signalé le retour d’éléments du groupe armé ADF dans la ZS d’Oicha, dans le nord-est du territoire, suscitant des inquiétudes quant à une résurgence des violences contre les civils. La situation est particulièrement critique le long de l’axe Oicha-Eringeti, notamment à Kilima Tatu, où la présence active des ADF entrave l’accès des populations à leurs champs et à leurs moyens de subsistance", précise le rapport.

Territoire de Rutshuru

Au cours du mois de mai, renseigne OCHA, les affrontements persistants entre groupes armés se sont poursuivis dans plusieurs villages des zones de santé de Bambo, Birambizo et Kibirizi. Ces affrontements ont occasionné des vagues de déplacements de plus de 16 000 ménages (environ 96 500 personnes) vers les localités de Kizima, Kahe, Katsiru, Mulimbi, Rusekera, Luya, Bishusha, Kizimba, Kanaba et Kabizo. 

"Entre le 13 et le 24 mai, au moins huit personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors des combats autour de Katsiru, Kinjugu, Gambiriro, Kishishe, Bambo et Kojo. Les violences ont également endommagé plusieurs services et infrastructures de base, notamment le centre de santé de Rebero, soutenu par les partenaires humanitaires. Ce centre a été pillé, occasionnant la rupture des soins de santé pour plus de 8 400 habitants. Les explosions ont également détruit plusieurs habitations", ajoute OCHA.

Selon toujours le rapport de cette agence du système des Nations-Unies, entre le 27 et le 29 mai, des affrontements intenses ont poussé plus de 11 000 habitants de Marangaza vers les villages voisins.

"De nouveaux déplacements ont été également enregistrés vers Kanyabayonga et Kilambo, où les conditions restent extrêmement précaires. Ces incidents ont forcé deux organisations humanitaires à reporter des évaluations prévues, alors que la présence humanitaire reste très limitée dans les ZS de Bambo et Kibirizi. Depuis le 26 mai, une clinique mobile a suspendu ses activités à Kihondo, privant plus 25 000 personnes de soins essentiels. La poursuite des violences compromet toute perspective de retour durable de plus 106 000 personnes déplacées installées dans les ZS de Bambo et Birambizo, selon les données CMP1 du 30 avril 2025", renseigne OCHA.

Malgré les appels au cessez-le-feu et à la cessation des hostilités, des combats sont signalés dans plusieurs coins de l'Est de la République Démocratique du Congo entre la coalition FARDC-Wazalendo contre la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Ces violents affrontements sont à la base de la détérioration de la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo.

Pendant ce temps, des initiatives diplomatiques au niveau régional et international semblent évoluer au ralenti malgré la volonté exprimée par les différents médiateurs. Pour les USA, l'objectif est de parvenir à un accord de paix entre Kinshasa et Kigali d'ici le mois de juillet de l'année en cours alors que du côté de Doha, les délégués avaient reçu des propositions du médiateur à présenter à leur hiérarchie avant de reprendre une nouvelle fois sur la table des négociations.

Clément MUAMBA