12e réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l'accord cadre: sans citer le Rwanda, les pays signataires condamnent les avancées territoriales et la mise en place d’administrations parallèles par l'AFC/M23

Les rebelles du M23 dans la ville de Bukavu
Les rebelles du M23 dans la ville de Bukavu

La détérioration de la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo marquée par l'agression rwandaise via la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, a occupé une place importante de la 12e réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.

Au cours de ces assises tenues mercredi 28 mai 2025 en Ouganda, les représentants des pays signataires de l'Accord-cadre pour la paix et la sécurité (CPS) déplorent la forte augmentation des violences sexuelles liées au conflit et l’accès réduit aux services et à l’aide humanitaire. Sans citer le Rwanda,ils condamnent les avancées territoriales et la mise en place d’administrations parallèles par le l'AFC/M23 et exigent la mise en œuvre de la résolution de l'ONU 2773.

"Exprimons notre profonde préoccupation face à la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et à ses graves conséquences humanitaires et en matière de droits humains, notamment les déplacements massifs de civils, la forte augmentation des violences sexuelles liées au conflit et l’accès réduit aux services et à l’aide humanitaires ; Condamner les avancées territoriales et la mise en place d’administrations parallèles par le Mouvement du 23 mars/Alliance Fleuve Congo (M23/AFC) avec un soutien extérieur et appeler à la mise en œuvre rapide et intégrale de la résolution 2773 (2025) du Conseil de sécurité des Nations Unies par toutes les parties concernées, en particulier ses paragraphes 4 et 6", lit-on dans le communiqué final.

Selon toujours le communiqué final, les participants ont appelé au strict respect des engagements de l'Accord-cadre, en particulier ceux de respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des pays voisins, de ne pas tolérer ni fournir d'assistance ou de soutien de quelque nature que ce soit aux groupes armés, de respecter les préoccupations et intérêts légitimes des pays voisins, notamment en matière de sécurité, et de ne pas héberger ni fournir de protection de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, d'actes de génocide ou de crimes d'agression, ni aux personnes relevant du régime de sanctions des Nations Unies.

Ils appellent également "au démantèlement du groupe armé des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en RDC; de tous les autres groupes armés étrangers, notamment les Forces démocratiques alliées (ADF), la Résistance pour un État de droit au Burundi (RED Tabara) et la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), entre autres, et les exhortent à déposer immédiatement les armes sans conditions. Donner des instructions à la Cellule opérationnelle du Groupe de contact et de coordination (GCC) sur les mesures non militaires afin de poursuivre son engagement auprès des groupes armés étrangers pour promouvoir le désarmement volontaire et faciliter leur rapatriement"

Cette année, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba totalise 12 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales, à savoir les Nations Unies (ONU), l’Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région. L’Accord-cadre d’Addis-Abeba avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC, mais sa mise en œuvre effective a toujours été un problème, tant du côté de la RDC que de ses partenaires.

La réunion de haut niveau présidée par le président Museveni a réuni les chefs d’État et de gouvernement ou les représentants des pays signataires de l’Accord-cadre du CPS, parmi lesquels la République de l'Ouganda, la République d’Angola, la République du Burundi, la République du Congo, la République démocratique du Congo (RDC), la République du Kenya et la République du Rwanda.

Les autres pays sont la République d’Afrique du Sud, la République du Soudan du Sud, la République du Soudan, la Tanzanie et la République de Zambie. Ont également participé à la réunion les représentants des Institutions garantes de l’Accord-cadre du CPS, à savoir l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et les Nations Unies, ainsi que les partenaires de la région en qualité d’observateurs.

Clément MUAMBA