L’ONU déplore le non paiement des contributions par les Etats membres et insiste que le soutien politique à la MONUSCO soit accompagné d’appui financier

Photo d'illustration
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Les Nations-Unies ne sont pas épargnées des coupes budgétaires sans précédent depuis l'arrivée de l'administration Trump entraînant une révision à la baisse de son plan mondial d'aide humanitaire et des conséquences désastreuses pour des millions de personnes vulnérables.

A cette situation s'ajoute le non paiement des contributions par les États membres de l'ONU. Selon Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU, cette situation impacte déjà les opérations de maintien de la paix au monde.

"Nous avons déjà des restrictions qui sont liées au fait que tous nos États membres ne paient pas en temps voulu et dans leur totalité, les contributions obligatoires qu'ils doivent payer pour le budget du maintien de la paix. D’ailleurs comme pour le budget régulier qui est le budget des Nations-Unies hors maintien de la paix; ça nous conduit déjà à prendre des mesures de restriction du type gel de recrutement et faire beaucoup d’économies", a déclaré devant à la clôture de sa mission dimanche 7 septembre en RDC.

Il a rappelé l'urgence et la nécessité de poursuivre le plaidoyer auprès des États membres. Jean-Pierre Lacroix dit ne pas comprendre l'attitude des Etats qui ne cessent de recommander le soutien aux opérations de maintien de paix sans que cela puisse être accompagné des appuis financiers.

"Je crois que parallèlement à nos plans de contingence, à nos plans dans la perspective, encore une fois, de restrictions financières encore plus fortes, il est important de continuer un plaidoyer pour que, encore une fois, toutes les contributions qui sont dues aux Nations Unies, et notamment au financement des opérations de maintien de la paix, soient payées dans leur totalité et en temps utile par tous les États membres. D'ailleurs, c'est une obligation qui leur incombe au niveau de la Charte, mais je dirais que ce que nous souhaitons, c'est de la cohérence de la part dans nos États membres. Ceux-ci votent des résolutions qui soutiennent la MONUSCO", a fait remarquer Jean-Pierre Lacroix.

Et de poursuivre :

"La résolution 2773, dernière en date, contient un langage très proactif sur le rôle que joue et que pourrait jouer la MONUSCO en cas de progrès, et notamment de cessez-le-feu. Des déclarations adoptées à Washington, en présence des autorités congolaises, rwandaises et des plus hautes autorités américaines, contiennent également des éléments positifs et favorables au rôle de la MONUSCO et au rôle qu'elle pourrait jouer dans l'avenir, un rôle accru. De même, des déclarations de Doha. Nous attendons une cohérence dans la mesure où, d'un côté, si nous avons ces expressions de soutien à la MONUSCO, ces expressions doivent être normalement accompagnées d'un soutien financier compatible avec ces expressions de soutien politique. C’est ce que nous souhaitons obtenir de la part de nos États membres".

Entre mai et juin de l'année en cours, les Nations Unies ont annoncé une réduction drastique de leur plan d’aide humanitaire mondial pour l’année 2025, en raison des " coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées". Selon un communiqué du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA), le nouveau plan de 29 milliards de dollars pour 2025, contre les 44 milliards demandés à l’origine, doit " hyper-prioriser " l’aide pour 114 millions de personnes.

Cette baisse considérable de l’aide intervient alors que les conflits dans le monde se multiplient, certaines zones étant particulièrement vulnérables, à l’instar du Soudan, de la République démocratique du Congo, du Myanmar ou de Gaza, qui est confrontée à un risque « critique » de famine, selon un rapport paru en mai dernier.

Lancé en février dernier par le gouvernement et la communauté humanitaire, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo (RDC) est chiffré à 2,54 milliards de dollars américains. Cette enveloppe cruciale vise à fournir une aide vitale à 11 millions de personnes dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies. Selon les chiffres actualisés de l'ONU, ce plan est actuellement financé à moins de 15 %, avec seulement 376 millions de dollars reçus à ce jour.

Le lancement du Plan de réponse aux besoins humanitaires pour la RDC (2025) intervenait dans un contexte particulier de polycrise multidimensionnelle d’une ampleur inédite, qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs : d’une part une spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika ; d’autre part la présence d’une autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces où les besoins humanitaires sont très importants ; et enfin une crise majeure du financement de la réponse humanitaire.

Clément MUAMBA