La session ordinaire de septembre s'ouvre ce lundi 15 septembre 2025 dans les deux chambres du Parlement de la RDC, à savoir l’Assemblée nationale et le Sénat après trois mois de vacances parlementaires. Au niveau de deux chambres du parlement, les députés nationaux tout comme les sénateurs auront durant cette session, la responsabilité de travailler sur l'examen et l'adoption de la reddition des comptes pour l'exercice 2024 mais aussi sur le projet de loi de finances pour l'exercice 2026. Ces deux textes qui doivent provenir du gouvernement devront être déposés à l'Assemblée nationale d'ici le 15 septembre conformément aux dispositions de l'article 83 de la loi relative aux finances publiques.
Comme d'habitude ces dernières années, avant la clôture de la session de mars 2025, l’Assemblée nationale et le Sénat avaient adopté conformément à l'article 129 de la constitution le projet de loi portant habilitation du gouvernement, c'est-à-dire le gouvernement était autorisé à légiférer par ordonnances-loi. Avec la reprise des activités, les deux chambres du parlement reprendront leur rôle législatif en adoptant ces projets de loi de ratification, faute de quoi elles deviendront caduques.
S'il est généralement de coutume que la session de septembre soit dite session budgétaire et au regard du contexte actuel, il est évident que les deux chambres devront également se pencher sur des questions sécuritaires marquées par la guerre d'agression rwandaise via la rébellion de l'AFC/M23 et différentes initiatives diplomatiques en cours à l'international ou au niveau continental. Les questions socio-économiques, le vote des lois, le contrôle parlementaire et l'amélioration du vécu quotidien des Congolais etc, feront partie des priorités de cette nouvelle session de septembre 2025.
Bureau Kamerhe visé par des pétitions
Contrairement aux sessions précédentes, cette session ordinaire s'ouvre dans un contexte où des appels sont pressants pour privilégier la cohésion nationale, la stabilité des institutions d'une part, et d'autre part un groupe d'élus ne jure que par le départ du bureau Kamerhe. Le député national Samuel Yumba Mwanabute, l’un des élus pétitionnaires indique que les pétitions ont déjà recueilli plus de 200 signatures contre les membres du bureau Kamerhe. M. Yumba précise qu'il s'agit tout simplement d'une démarche parlementaire qui ne doit pas être mal perçue au niveau de l'opinion.
« C'est aussi pour nous pétitionnaires l'occasion de fixer toute la population de la RDC que les pétitions qui ont été lancées, il y a longtemps bénéficient déjà de plus de 200 signatures. Nous avons accompli à la fois la condition de recevabilité de toutes les pétitions pour les membres du bureau visés. Que la population reste calme, c'est une affaire des députés, c'est une affaire interne des enfants de la maison, que personne ne transforme ce qui se passe ici en une [affaire] d’espace géopolitique, ceci ou cela », a souligné cet élu après échange entre les pétitionnaires et Augustin Kabuya, secrétaire général de l'UDPS/Tshisekedi auprès de qui ils étaient venus solliciter l'appui et l'accompagnement à leur démarche.
Même situation au Sénat
Au niveau de la chambre haute du parlement, les sénateurs veulent également le départ du bureau dirigé par Sama Lukonde. Dans un message vidéo partagé à la presse, le sénateur UDPS Afani Idrissa Mangala a confirmé avoir déjà recueilli plus de 70 signatures en soutien à son initiative. L'ancien gouverneur de Maniema reproche au bureau de ne pas faciliter aux parlementaires la tâche de contrôle du gouvernement, alors que plusieurs projets d’investissement n’avancent pas sur le terrain.
« Nous venons des vacances parlementaires, le chef de l’État est reproché de beaucoup de choses qui ne sont pas réalisées et que nous qui sommes élus du peuple, nous ne jouons pas notre rôle comme il se doit. Notre rôle, c’est de contrôler le gouvernement, surtout lorsqu’il y a autant de projets d’investissements qui sont en train d’être réalisés à la base. Si ces projets ne sont pas exécutés, nous devrions commencer à interpeller certains ministres, mais nous ne le faisons pas », a-t-il signifié.
Le sénateur Mangala également que les questions orales et les interpellations restent bloquées pendant des mois par le bureau du Sénat.
« Tout cela, ce n’est pas la faute des élus, mais la faute de nos bureaux respectifs. Je peux même citer l’Assemblée nationale. Parce que les sénateurs initient des questions orales, des interpellations, mais vous pouvez poser une question orale, pour qu’elle soit alignée, il faut 5, 6 mois. Et il faut gêner le bureau », a dénoncé ce sénateur du parti présidentiel.
L'intervention de Tshisekedi souhaitée
Face à ce tableau, alors que d'aucuns pensaient que la dernière réunion inter institutionnelle présidée par le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi allait calmer la tempête au sein de la majorité parlementaire, au contraire les députés nationaux et sénateurs initiateurs des pétitions contre les membres de leurs bureaux semblent aller jusqu'au bout de leur démarche pendant que Félix Tshisekedi, chef de l'État et patron de la majorité parlementaire a recommandé la reprise d'une session parlementaire « sereine » et axée sur les priorités nationales.
Dans l'environnement sociopolitique congolais, des voix ne cessent de s'élever pour appeler à l'apaisement au regard du contexte socio-politique et sécuritaire actuel du pays déjà tendu avec des crises multiformes. En se basant sur les dispositions de l'article 69 de la constitution qui reconnaît au Président de la République le rôle d'arbitre et régulateur des pouvoirs publics, des observateurs sollicitent l'implication de Félix Tshisekedi pour calmer le jeu afin de ne pas ouvrir d'autres combats, moins encore de se créer d'autres frustrés dans l'environnement sociopolitique congolais.
« La chasse orchestrée contre Kamerhe et le Bureau de l’Assemblée nationale est une répétition morbide des dérives qui ont englouti l’ancien régime. Le pouvoir absolu corrompt, et la clique de courtisans Christophe Mboso, Guy Loando et d’autres pousse Félix Tshisekedi à un suicide institutionnel. Son objectif : détruire toute séparation des pouvoirs pour livrer le pays à un règne personnel, au mépris de la Constitution. Ce projet ne conduira pas à la stabilité, mais à un chaos irréversible. Or, jamais la situation n’a été aussi explosive. Le pays est en guerre », avait réagi sur X le 6 septembre dernier, Olivier Kamitatu, cadre d’Ensemble et proche de l'opposant Moïse Katumbi Chapwe.
Et de poursuivre :
« L’État a perdu le contrôle d’une large partie de son territoire. Des armées étrangères et des mercenaires se déploient en toute impunité, plus de 200 groupes armés sévissent à l’Est, et les wazalendo intégrés dans l’armée se mutinent contre leurs propres commanditaires. La RDC est une poudrière prête à s’embraser. Et pendant ce temps, Félix Tshisekedi se pavane en faux sauveur, couvrant la fraude électorale la plus massive de l’histoire du pays, et orchestrant l’assassinat de la démocratie. L’Union Sacrée doit comprendre sa responsabilité historique. La chute des Bureaux de l’Assemblée et du Sénat ne sera pas une simple péripétie politique : ce sera l’acte final d’un putsch institutionnel ».
L'ouverture de cette session ordinaire est conforme aux dispositions de l'article 115 de la constitution. Cette session, qui durera trois mois, va se clôturer le 15 décembre 2025 et au regard des enjeux de l'heure, elle s'annonce déjà mouvementée dans les prochains jours.
Clément MUAMBA