L’ancien Président de la République, Joseph Kabila a ouvert ce jeudi 29 mai, ses consultations des couches sociales à Goma. Retranché dans ses résidences de Kinyogote, à une dizaine de kilomètres, au bord du lac Kivu, à l’ouest de Goma, il s’est entretenu ce jour avec des représentants et dirigeants d’une dizaine de confessions religieuses de Goma et du Nord-Kivu.
« Il nous a dit qu’il est venu pour la paix, son grand souci c’est de voir la paix revenir au pays ainsi que la restauration de l’intégrité territoriale », a indiqué à ACTUALITE.CD, l’évêque principal Joël Amurani, président de la plateforme des confessions religieuses du Nord-Kivu.
Ce responsable religieux affirme que l’ancien Chef de l’Etat n’a ni parlé de la rébellion de l’AFC/M23, ni cité le nom de son successeur, d’après l’évêque Amurani.
« Nous lui avons demandé de se battre, de tout faire pour le retour de la paix, qu’il joue de son influence, de sa sagesse parce que c’est quelqu’un qui a dirigé pendant 18 ans, il a l’expérience, qu’il donne sa contribution pour que la vraie paix puisse revenir », a-t-il ajouté.
Cette rencontre est une initiative de Joseph Kabila. « Nous n’avons pas demandé d’audience. Nous avons reçu l’invitation et il m’a été demandé d’appeler mes collègues », a assuré l’évêque Joël Amurani qui indique que leur demande a trouvé réponse :
« Il nous a dit qu’il est disponible parce qu’il est un homme de paix, il ne peut pas être content de voir l’œuvre qu’il a bâtie être détruite. Il a dit qu’il nous a écoutés, il va s’y mettre. Pour lui, ce qu’il l’intéresse c’est la paix, que le pays retrouve son intégrité d’antan ».
L’attente est là et les hommes de Dieu ont insisté pour le retour de la situation à la normale. « Qu’il fasse de son mieux, parler, conseiller, négocier pour qu’il y ait réunification parce que ce n’est pas un honneur de voir le pays divisé comme c’était en 2001, 2002 ».
L’évêque de Goma, Mgr Willy Ngumbi n’était pas présent. Selon les sources d’ACTUALITE.CD, il a été consulté la veille par le sénateur à vie. Parmi les confessions religieuses présentes à la réunion de ce jeudi, il y a l’ECC, l’église Orthodoxe, la communauté islamique au Congo, l’armée du salut, l’église Kimbanguiste, l’association des églises de réveil, l’union des églises indépendantes, l’église de réveil du Congo.
Ces consultations s’inscrivent dans une série de « consultations citoyennes » annoncées par l’équipe de Kabila, qui visent à recueillir les préoccupations et propositions des forces vives face aux défis sécuritaires dans l’est de la RDC. Vendredi, d’autres personnalités locales, y compris des responsables politiques, administratifs, sécuritaires, et des représentants d’organisations de la société civile, sont attendues.
Après ces consultations, Joseph Kabila prévoit de tenir une conférence de presse à Goma. « On va avertir les gens à temps pour qu’ils puissent se préparer et venir », ont précisé des sources.
Ce retour de Joseph Kabila sur le devant de la scène intervient alors que l’ancien président a récemment rompu son silence pour critiquer sévèrement la gouvernance de son successeur Félix Tshisekedi. Dans un discours prononcé le 23 mai, il a dénoncé une « gouvernance non orthodoxe », accusant le pouvoir en place de corruption, détournement de fonds publics et dérive autoritaire. Kabila a également déploré l’insécurité persistante dans l’est du pays et a proposé un « pacte citoyen » articulé autour de douze points, censé ramener la stabilité et le développement en RDC.
Yvonne Kapinga