Nord-Kivu : reprise des combats entre l’AFC/M23 et les FARDC à Rutshuru, des morts et des blessés enregistrés

Carte du territoire de Rutshuru
Carte du territoire de Rutshuru

La reprise des affrontements, dimanche 25 mai 2025, entre les éléments de l’AFC/M23 et la coalition FARDC-Wazalendo fait déjà des victimes dans la chefferie de Bwito, en territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Plusieurs sources contactées par ACTUALITE.CD avancent un bilan provisoire de neuf morts et des blessés. 

«  Nous venons d’identifier déjà neuf corps dans les agglomérations  de Kirumba et de Kagano. Tous sont des civils mais ce bilan pourra s’alourdir parce que la fouille continue. Et puis, de leur passage à Kirima via Kishishe et Kanyatsi, Chahi et Mukondo jusqu'à Kagano, en tout cas nous craignons qu'ils aient massacré aussi des habitants là bas et cacher leurs corps dans la brousse. Parce que ces agglomérations sont vraiment enclavées et situées loin de la route », témoigne un chef local encore présent dans la zone.

Selon d’autres sources, des bombardements à longue portée étaient tirés à partir de la chefferie de Bwisha, précisément dans le groupement de Bukoma, dans la localité de Kahunga, là où sont installées les armes lourdes du M23/RDF. 

« Ils (les éléments  du M23 : Ndlr) pilonnaient les agglomérations de Kirumba et Kagano. Alors , les troupes du M23/RDF sont venues, les unes de Kirima et d'autres de Kabizo et Butare via Muhambi. Alors, arrivés à Kirumba et Kagano, ils ont massacré la population. On compte déjà 14 morts et cinq blessés tirés à bout portant, comme bilan provisoire. Les populations se cachent en brousse et d'autres sont enfermées dans leurs maisons », indique un autre défenseur des droits humains  et notable de la chefferie de Bwito. 

Et de poursuivre : 

«  C'est avec beaucoup de regrets que nous dénonçons les massacres des civils par le M23 dans le territoire de Rutshuru, dans la chefferie de Bwito et plus précisément dans le groupement Tongo à la limite avec le groupement de Bambo, dans les agglomérations de Kirumba et Kagano. Nous demandons à la communauté internationale et régionale ainsi qu'au gouvernement congolais de pouvoir se réunir le plutôt possible pour que ces gens-là puissent arrêter les massacres de la population civile qui n'a aucun moyen de se défendre ». 

Ces affrontements  provoquent de nouveaux déplacements des habitants qui étaient pourtant déjà retournés dans la zone. Une source précise : l’agglomération de Bambo est débordée par qu'elle accueille plusieurs déplacés qui fuient ces atrocités. 

Depuis tôt le matin de ce lundi, d’autres rudes affrontements sont signalés dans la partie de Muliki, dans le groupement Mutanda, à la limite avec le groupement Bambo. Des détonations d’armes lourdes et légères se font entendre à partir de ce côté-là.

Ces combats ont éclaté depuis dimanche à l’aube à Lushebere, une agglomération située entre Kishishe et Bambo, toujours dans la chefferie de Bwito. Nombreuses sources confirment que ces sont les éléments de l’AFC/M23 qui ont lancé l’assaut sur des positions des FARDC et des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), appelés communément Wazalendo. 

La reprise de ces hostilités coïncident avec l’arrivée dans la capitale du Nord-Kivu  (Goma) de l’ex Président de la RDC, Joseph Kabila. Le sénateur à vie dont d’ailleurs les immunités ont déjà été levées par la chambre haute du parlement congolais a, dans son discours du vendredi 23 mai dernier, marquant la fin de son silence, a proposé un programme de redressement national, articulé autour de douze objectifs, dont la fin de la dictature, l’arrêt de la guerre, le rétablissement de l’autorité de l’État, la restauration de la démocratie, la réconciliation nationale, la relance du développement et la sortie des troupes étrangères du territoire congolais. Il a salué au passage la décision de la SADC de retirer les troupes de la SAMIDRC de l’Est du pays.

L’ancien chef de l’État a également appelé à une prise en compte des initiatives locales de paix, en particulier celle des Églises catholique et protestante. Il a critiqué la position du gouvernement qui, selon lui, accepte de dialoguer avec l’AFC/M23 à Doha, tout en criminalisant d’autres formes de dialogue entre Congolais.