Kinshasa/Mont-Ngafula : À Masanga Mbila, des jeunes entre débrouille, petits boulots et anti-valeurs

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Masanga Mbila/Mont-Ngafula

Dans la commune de Mont-Ngafula, quartier Masanga Mbila, particulièrement dans la localité reculée de Nzola, plusieurs jeunes, les filles en particulier, vivent dans des conditions difficiles, entre manque d’opportunités, désœuvrement et absence de soutien. Passionnées par la mode et d’autres métiers créatifs, elles se retrouvent pourtant dans des situations précaires, entre petits boulots, violences de quartier, maternités précoces ou même services sexuels.

Sur la route By-Pass, une jeune fille d'une vingtaine d’années décrit à ACTUALITE.CD une réalité qu’elle partage avec de nombreuses autres.

« Je suis très triste de voir que dans notre propre quartier, entre Masanga Mbila et Kindele, il y a autant de jeunes pleines de talent, mais qui n’ont ni moyens ni accompagnement. Beaucoup finissent dans la vente à la sauvette, les travaux domestiques, ou influencées par des amies de la rue, elles deviennent mères sans ressources », regrette-t-elle.

Dans cette localité, les conflits entre jeunes filles sont fréquents et souvent signalés au bureau du quartier, situé à proximité de la police pour enfants. Daniel Nguwo, chef de quartier adjoint, affirme que des actions sont mises en place pour encadrer cette jeunesse livrée à elle-même.

« Nous recevons régulièrement des cas de jeunes filles passionnées de mode mais sans encadrement. Certaines se retrouvent dans des bagarres ou des situations de violence. Quand il y a des blessés, c’est la police qui prend le relais. Mais nous avons aussi lancé un programme d’aide pour celles qui souhaitent se former », rassure-t-il.

Il félicite notamment l’initiative d’une jeune fille de 18 ans de Nzola, qui a ouvert son propre salon de beauté.

« C’est un bel exemple pour les jeunes de cette localité. Elle montre qu’il est possible de s’en sortir », ajoute-t-il.

La jeune entrepreneure, aujourd’hui étudiante à l’université, témoigne de son parcours et de ses ambitions.

« Ce n’est pas facile de vivre dans une localité aussi enclavée et de croire qu’on peut changer les choses. Je fais partie des rares filles de Nzola à fréquenter l’université. Ouvrir mon salon à 18 ans, c’est ma manière de dire qu’on peut créer des opportunités. Mais je rêve aussi d’aider les autres, ce qui reste difficile sans moyens », dit-elle.

Les mères de famille, souvent pointées du doigt pour l’errance de leurs filles, dénoncent un manque de soutien structurel. Maman Polyne, habitante de Nzola, explique.

« Nous vivons comme dans un village isolé, alors que nous sommes à Kinshasa. J’ai deux filles. L’une va à l’école grâce à une entente avec l’établissement, mais l’autre, passionnée par la mode, reste à la maison faute de moyens pour la former. Cette réalité est partagée par beaucoup d’entre nous », affirme-t-elle.

Et d’en appeler aux autorités :

« Nous avons besoin d’aide pour ces jeunes qui veulent s’en sortir. Soutenir des initiatives comme celle de la jeune fille qui a ouvert son salon peut faire la différence ».

Actuellement, à Masanga Mbila, de nombreuses jeunes filles attendent qu’on leur tende la main. Malgré la précarité, elles gardent en elles des rêves, des passions et un potentiel qui ne demande qu’à être encadré pour éclore.

Gemima Kalambayi, stagiaire UCC