RDC-M23 : des déplacés de Lunyasenge arrivent à Kasindi

Kasindi sur la carte
Kasindi sur la carte

La cité frontalière de Kasindi, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu), a accueilli dans la soirée du lundi 5 mai la première vague de déplacés fuyant la localité de Lunyasenge, prise récemment par les rebelles de l’AFC/M23. Ces familles, visiblement épuisées et sans assistance, cherchent refuge dans une région déjà marquée par une instabilité chronique.

Selon des sources locales, d’autres vagues de déplacés sont également attendues de Musenda et Katundu, deux localités riveraines du lac Édouard, également vidées de leurs habitants. Une partie de ces populations se sont repliées vers Kyavinyonye, pendant que d’autres tentent de rejoindre Kasindi, créant un climat de peur palpable parmi les habitants.

La société civile du groupement de Basongora tire la sonnette d’alarme. Paul Zaidi, son premier rapporteur, exprime une profonde inquiétude. Il en appelle à une mobilisation urgente des autorités politico administratives et sécuritaires pour assurer la prise en charge des déplacés, dont le nombre reste à déterminer, et pour prévenir toute « infiltration ennemie ».

« L’attaque de Lunyasenge a des effets néfastes sur le tissu social de Kasindi-Lubiriha. Depuis un certain temps, Kasindi est devenu un centre de refuge pour les citoyens congolais fuyant des zones en proie à l’insécurité. Nous observons désormais l’arrivée de plusieurs vagues de déplacés en provenance de Lunyasenge et des entités environnantes. Cette situation nous inquiète au niveau de la société civile. C’est pourquoi nous appelons les autorités politico-administratives, les membres du comité local de sécurité, ainsi que tous les cadres de base, y compris les chefs de dix maisons, à se mobiliser pour empêcher toute infiltration de l’ennemi. En effet, l’ennemi pourrait exploiter ce mouvement massif des populations vers la cité de Kasindi, située à la frontière entre la RDC et l’Ouganda, pour en tirer profit », a-t-il déclaré à ACTUALITE.CD.

Lunyasenge, située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest du lac Édouard, a été conquise le 2 mai par les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par l’armée rwandaise, selon Kinshasa et plusieurs rapports internationaux. Des combats violents ont opposé les rebelles aux militaires congolais. Si le bilan reste flou, plusieurs sources locales parlent de lourdes pertes humaines.

Dans un communiqué publié le 4 mai, l’armée congolaise a confirmé la perte de Lunyasenge, dénonçant une violation flagrante du cessez-le-feu en vigueur. Le colonel Mak Hazukay, porte-parole des FARDC au Grand-Nord, a réaffirmé la volonté de l’armée de « riposter sur tous les fronts » si les menaces persistent.

Cette nouvelle offensive intervient alors que des discussions entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23 ont repris à Doha, au Qatar. Malgré une déclaration conjointe signée il y a deux semaines, aucune avancée notable n’a encore été enregistrée, les échanges étant toujours qualifiés de préliminaires.

Josué Mutanava, à Goma