RDC : Amnesty International appelle à l'arrêt des projets d'exécutions massives et critique les transferts de prisonniers vers Angenga

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Bagarre entre Kulunas à Kinshasa. Ph. Droits tiers.

Amnesty International a exhorté lundi le président congolais Félix Tshisekedi à abandonner tout projet d’exécutions massives, à la suite d’informations indiquant qu’une centaine de détenus condamnés à mort ont été transférés à la prison de haute sécurité d’Angenga, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo.

« L’annonce de ces transferts est absolument consternante. Nous craignons des exécutions imminentes, dans un contexte de manque d'informations fiables sur le statut des condamnés », a déclaré Sarah Jackson, directrice régionale adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.

Amnesty a dénoncé les conditions des transferts vers Angenga, une prison où des dizaines de détenus sont morts par le passé de faim et de maladies. L’organisation appelle le gouvernement à garantir que tout prisonnier transféré soit placé dans un établissement accessible aux avocats, aux familles et aux organisations de défense des droits humains.

Sarah Jackson a également exhorté le Parlement congolais à instaurer un moratoire sur les exécutions, dans la perspective de l’abolition totale de la peine de mort en RDC.


Le 5 janvier, le ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba, a confirmé le transfert de ces prisonniers, qualifiés de « bandits urbains » ou « Kuluna », de Kinshasa vers Angenga.

M. Mutamba a justifié ces transferts comme une étape dans l’exécution de la peine capitale, autorisée par les lois congolaises. Il a également salué une baisse du banditisme à Kinshasa grâce à ces mesures.


En mars 2024, la RDC a annoncé la reprise des exécutions après plus de deux décennies de suspension. Depuis lors, le nombre de condamnations à mort, souvent prononcées par des tribunaux militaires, a considérablement augmenté, notamment contre des membres présumés de gangs et de groupes armés.

Amnesty International a rappelé son opposition de principe à la peine de mort, estimant qu'elle ne constitue pas une solution efficace pour lutter contre la criminalité.

Lors d’un briefing de presse le 6 janvier, Constant Mutamba a également annoncé la construction d’une nouvelle prison centrale à Kinshasa, d’une capacité de 20 000 détenus, ainsi que des infrastructures similaires à Kisangani, Goma, Bukavu et Sake. Ces projets visent à désengorger les prisons existantes et améliorer les conditions carcérales, après les incidents meurtriers de Makala en 2024.