RDC : 11 ans après la mort de Mamadou Ndala, les Kinois se rappellent un “guerrier nationaliste” mais dont l'histoire “n'est pas enseignée à l’école”

Mamadou Ndala
Mamadou Ndala

Déjà onze ans depuis la disparition tragique du feu colonel Mamadou Ndala, âgé de 36 ans, dans une embuscade tendue à son cortège alors qu’il se rendait à Eringeti dans la province du Nord Kivu. Les jeunes Kinois se souviennent de la bravoure d'un héros dont le nom faisait écho dans les chaînes de télévision et dans les mémoires collectives grâce à ses exploits militaires bien qu'à plusieurs kilomètres de la capitale congolaise.

« Impossible d’oublier Mamadou Ndala. Je me rappelle quand les infos passaient à la télévision et parfois quand il passait en interview par appel, annonçant les territoires récupérés et les zones sécurisées. Mais malheureusement on dit que les colombes ne durent pas trop longtemps », regrette Miriam Lunzeya.

Un jeune enseignant ne cachant pas sa déception a déploré la manière dont les autorités étatiques banalisent “nos héros” au détriment des étrangers qui n'ont même pas la trempe de ces hommes qui ont lutté nuit et jour, ayant ainsi marqué l'histoire de la RDC mais qui ne sont pas enseignés dans des établissements scolaires. 

« C'est juste une erreur, une mauvaise conception des choses que nous avons en RDC, particulièrement. C'est comme si, pour nous, la charité bien ordonnée commence par autrui. Tu as mal étudié ou tu n'as presque pas étudié l'histoire des figures comme : Lumumba, Kimpavita, Kimbangu, Tshisekedi, Mamadou, etc. Mais tu as étudié Diego CAO, Barthelemy Diaz, Scylax, etc. Malheureusement tous ceux d'ailleurs que nous étudions ne sont pas modèles, moins encore que nos propres héros », s'est indigné Emmanuel Lecaembé.

Ce dernier estime également qu'il faut célébrer nos héros  quand ils sont encore vivants, le faire à titre posthume ne sert à rien car ils n'en bénéficient pas vraiment.

Ce qui pourrait d’ailleurs justifier le fait que la quasi-totalité des élèves en vacances que nous avons interviewés ignorent qui était le colonel Mamadou Ndala. D'après ces élèves, ce n'est pas de leur faute s'ils ne connaissent pas ce héros de la guerre.

Gédéon Yeta garde une image de Mamadou Ndala comme un héros de son pays : « Un guerrier qui était prêt à tout donner pour sauver sa patrie contre les ennemis ».

Un autre jeune Kinois voit en cet officier un militaire que le pays n'a jamais eu grâce à sa résilience et son humilité exemplaire malgré ses exploits militaires réalisés face aux groupes rebelles et armés.

« L'Est de notre pays a connu autant de nominations des officiers militaires qui n'ont pas pu arriver au point de pacifier cet espace, alors que le colonel Mamadou Ndala est parmi ce grand caïman de l'armée congolaise qui a osé mener des luttes, et une lutte qui a porté la victoire à son époque, donc je retiens de lui un sens d'humilité malgré ses exploits militaires », a-t-il fait savoir. 

Le dernier intervenant a rendu hommage à un compatriote qui avait l'amour de son pays. Pour lui, Ndala est « un souverainiste et nationaliste aguerri qui voulait que l'étendue du territoire national soit sous le contrôle de l'autorité de l'tEat ».

Lire aussi : Mamadou Ndala, 11 ans déjà : à Goma, on se souvient d’un “héros” en pleine guerre du M23

César OLOMBO