Le gouvernement a récemment lancé l’opération "Ndobo" (Ndlr : hameçon), visant à traquer les bandits urbains (Kulunas) à Kinshasa, les arrêter et les traduire en justice à travers une commission mixte regroupant la Police nationale congolaise, les hauts magistrats et d’autres acteurs sociaux.
Lors de la réunion du Conseil des ministres tenue ce vendredi 13 décembre 2024, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a assuré que toutes les actions menées dans le cadre de cette opération respecteront scrupuleusement la législation congolaise. Cette déclaration semble vouloir calmer les inquiétudes suscitées par les menaces d’application de la "peine de mort" à l’encontre des Kulunas à l’issue des audiences foraines.
Renforcement du dispositif contre le banditisme urbain
« La Première ministre a conclu sa communication en revenant sur le nouveau dispositif mis en place contre le banditisme urbain, ou phénomène "Kuluna", qui demeure au centre des préoccupations du gouvernement. Des réunions ont été tenues à ce sujet, et des instructions précises ont été données. C’est dans ce cadre qu’il faut situer l’opération lancée par le VPM, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, intitulée "Ndobo", avec pour objectif de renforcer le dispositif de lutte contre la criminalité dans les grandes agglomérations du pays », rapporte le compte rendu de la réunion tenue vendredi à la Cité de l’Union Africaine.
La Première ministre a également insisté sur la dualité de l’approche gouvernementale, combinant renforcement des forces de l’ordre et mécanismes efficaces de réinsertion pour les délinquants désœuvrés.
Respect strict des lois de la République
« Le gouvernement garde la double perspective du renforcement des moyens en faveur des forces de l’ordre et de l’adoption de mécanismes efficaces de réinsertion pour les délinquants désœuvrés. Cependant, a insisté la Première ministre, le nouveau dispositif, aussi répressif et sévère soit-il, tiendra compte du strict respect des lois de la République. Tous les ministères concernés, principalement l’Intérieur, la Défense et la Justice, sont instruits de respecter scrupuleusement les règles de procédure en la matière », a-t-elle souligné.
Un phénomène récurrent malgré les précédentes opérations
Cette nouvelle opération n’est pas la première initiative gouvernementale dans la lutte contre le banditisme urbain à Kinshasa. En 2013, l’opération "Likofi" (Coup de poing) avait été lancée pour contrer ce phénomène, suivie plus récemment par l’opération "Panthère noire", sous la conduite de Peter Kazadi, alors VPM de l’Intérieur. Cependant, ces initiatives n’ont pas donné les résultats escomptés, et le banditisme urbain continue de s’aggraver dans certains quartiers de Kinshasa.
La nécessité d’une approche globale
Au-delà des mesures répressives, plusieurs observateurs estiment que le gouvernement doit s’attaquer aux causes profondes du banditisme urbain. Ils pointent notamment du doigt le manque de prise en charge adéquate de la jeunesse congolaise, qui se traduit par un désespoir socio-économique croissant. Une réponse durable à ce problème nécessiterait des investissements significatifs dans l’éducation, l’emploi et les infrastructures sociales pour offrir de meilleures perspectives aux jeunes.
Clément Muamba