Déclaration de principes RDC-AFC/M23 : Sessanga et Kabund saluent “une étape symbolique essentielle” mais insistent sur un véritable dialogue national inclusif

Les délégués réunis à Doha
RDC, Rwanda, Togo, USA réunis à Doha

Pour avoir plusieurs fois appelé à des négociations directes entre Kinshasa et la rébellion AFC/M23 actif dans l’est de la RDC, les opposants Delly Sessanga et Jean-Marc Kabund ont exprimé leur satisfecit après la signature samedi dernier à Doha au Qatar, d’une déclaration de principes entre les délégations de deux parties, après trois mois de négociations. Sur X, les deux hommes ont insisté sur un dialogue national inclusif devant sceller cette nouvelle étape.

Le président de l’Envol a, pour sa part, félicité le gouvernement congolais d’avoir opté pour une voie pacifique, louant une « étape symbolique essentielle », laquelle doit être « renforcée par un véritable dialogue afin de répondre aux attentes du peuple congolais, qui aspire à une stabilité durable ».

En ce qui concerne le retrait inconditionnel de l’AFC/M23 du sol congolais, Sessanga juge indispensable que soient précisées les modalités concrètes, notamment d’un calendrier clair du cessez-le-feu et d’un retour sécurisé des déplacés.

« Toutefois, les déclarations contradictoires des parties juste après la signature révèlent un risque important d'interprétations divergentes, en raison des formulations vagues contenues dans la déclaration. Il est donc urgent d'apporter des clarifications. Pour dépasser le caractère purement symbolique de la déclaration de Doha, il est indispensable de préciser rapidement les modalités concrètes du rétablissement de l'autorité de l'État, de la réunification effective du territoire national, ainsi qu'un calendrier opérationnel précis pour le cessez-le-feu et le retour sécurisé des déplacés », écrit Delly Sessanga.

Jean-Marc Kabund, lui, place le dialogue inter congolais inclusif comme « un impératif catégorique », sans lequel la déclaration de principes constituerait une grave erreur d’appréciation.

« Nous l’avions déjà souligné dans notre plan de sortie de crise — que l’ouverture d’un dialogue inter congolais inclusif s’impose désormais comme un impératif catégorique. Le gouvernement congolais doit comprendre qu’envisager de contourner cette exigence de dialogue national par un "accord de paix" isolé avec le seul groupe armé AFC/M23 constituerait une grave erreur d’appréciation. En tirant les leçons des échecs du passé, le dialogue inclusif devrait aborder la question sécuritaire de manière holistique, car celle-ci dépasse largement le cadre du seul M23 : on dénombre aujourd’hui plus de 260 groupes armés actifs à l’Est de la RDC », déclare l’ancien premier vice-président de l’assemblée nationale.

Et d’ajouter : 

« ce dialogue devra aussi s’atteler à reconstruire la cohésion nationale mise à mal par les dernières élections chaotiques, la tentative de changement constitutionnel et l’intolérance politique qui gangrène la gouvernance actuelle. J’insiste : le cessez-le-feu obtenu ne doit pas être une fin en soi, mais plutôt une opportunité pour engager enfin un dialogue véritablement inclusif. Il y va de la paix durable et du respect des délais constitutionnels pour les prochaines élections ».

Saluée par l’UE, l’UA, les USA et par Kigali, ce texte qui ouvre la voie vers un accord de paix global dans la partie orientale, s’articule autour des points suivants :

• Le respect d’un cessez-le-feu permanent, incluant l’arrêt des attaques par air, terre, mer ou lacs, la fin de toute propagande haineuse et l’interdiction de prises de position par la force ;

• La création d’un mécanisme de vérification du cessez-le-feu impliquant la MONUSCO et des dispositifs régionaux si nécessaire ;

• Des mesures de confiance, notamment la mise en place d’un mécanisme, sous facilitation du CICR, pour organiser la libération des détenus d’intérêt ;

• Une feuille de route pour restaurer l’autorité de l’État dans l’Est de la RDC, qui sera précisée dans l’accord de paix à venir ;

• L’engagement pour le retour volontaire et digne des réfugiés et déplacés internes, en coordination avec les pays d’accueil et le HCR.

Le gouvernement congolais était représenté par Sumbu Sita Mambu, représentant spécial du président chargé des processus de Luanda et de Nairobi. L’AFC/M23 était représentée par Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent du mouvement.

Les deux parties s’engagent à appliquer immédiatement les dispositions de la Déclaration de principes, au plus tard le 29 juillet 2025, et à entamer les négociations de l’accord de paix au plus tard le 8 août, avec une signature prévue d’ici au 18 août.

Le document exprime également la reconnaissance des deux délégations pour le rôle de médiation du Qatar, le soutien des États-Unis et l’accompagnement de l’Union africaine.

Samyr LUKOMBO