RDC : la population potentiellement exposée à des risques multiples pour la période janvier-juin 2025 (Rapport FAO/PAM)

Les déplacés en provenance de Masisi accueillis dans un hangar à Mugunga
Les déplacés en provenance de Masisi accueillis dans un hangar à Mugunga

La RDC s’apprête à affronter une période marquée par de graves défis sécuritaires, économiques et humanitaires entre janvier et juin 2025, selon le 23ᵉ cycle d’analyse IPC sur l’insécurité alimentaire aiguë (IAA), publié par la FAO et le PAM. Les prévisions dressent un tableau préoccupant pour les populations vulnérables à travers le pays.

Intensification des conflits et déplacements massifs

Les conflits armés devraient s’aggraver dans plusieurs provinces, notamment au Nord-Kivu, où les avancées du M23/AFC exacerbent les tensions entre groupes armés. Ces violences, combinées à la présence accrue de forces armées dans les provinces de Maniema et Mai-Ndombe, risquent de provoquer des déplacements massifs, avec des milliers de personnes contraintes de fuir leurs foyers.

Dans le Tanganyika, si des redditions de milices Twa se poursuivent à Kalemie et Nyunzu, l'intensification des incursions armées à Manono reste préoccupante. Par ailleurs, l’afflux de miliciens Mbororo depuis le Soudan dans les provinces de la Tshopo, du Bas-Uélé et du Haut-Uélé accentue les tensions, générant des mouvements de population.

Crise alimentaire et économique

La situation alimentaire pourrait se détériorer davantage, avec une production agricole inférieure à la moyenne prévue en raison des conflits et des anomalies climatiques. La dépréciation continue de la monnaie nationale affectera les prix des denrées de base comme le manioc et la farine de maïs, rendant l’accès à la nourriture encore plus difficile pour les ménages vulnérables.

Les inondations prévues pendant la saison des pluies pourraient aggraver les difficultés en endommageant les récoltes, en perturbant le transport des marchandises et en affectant les activités de pêche. Dans ce contexte, les populations les plus pauvres seront confrontées à une insécurité alimentaire accrue.

Défis sanitaires et épidémiques

Les autorités sanitaires anticipent une augmentation des cas de paludisme, de rougeole et de choléra, notamment au Maniema, en raison des pluies saisonnières. Les maladies animales, comme la peste porcine, et des pathologies affectant les cultures, comme la pourriture du manioc, pourraient également s'intensifier, menaçant les moyens de subsistance des éleveurs et des agriculteurs.

Financement humanitaire insuffisant

Le financement humanitaire devrait rester faible, avec une assistance alimentaire limitée essentiellement aux personnes déplacées. Les activités visant à améliorer les moyens de subsistance resteront marginales, amplifiant les vulnérabilités des populations affectées.

Perspectives à court terme

Malgré le projet gouvernemental des 145 territoires, visant notamment à améliorer les infrastructures routières, ses impacts à court terme seront limités. Les avancées espérées ne devraient être perceptibles qu’à moyen terme, laissant les populations locales exposées à des défis immédiats.

L’analyse IPC souligne la nécessité d’une réponse rapide et coordonnée pour limiter les impacts de ces risques sur les populations congolaises déjà fragilisées. Cependant, en l’absence d’une amélioration des financements et d’une stabilisation sécuritaire, la période de janvier à juin 2025 s’annonce particulièrement difficile pour la RDC.