L'occupation des villes de Goma (Nord-Kivu) et de Bukavu (Sud-Kivu) par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda est à la base de l'arrêt du fonctionnement des banques et des institutions financières ces entités.
Le dernier rapport du groupe d'experts des Nations-Unies consulté par ACTUALITE.CD mercredi 2 juillet 2025, note que les initiatives de relance de la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO) et la création d'une autorité autoproclamée « Autorité de régulation du secteur économique, financier et des assurances » faisant office de la Banque Centrale du Congo (BCC) parallèles n'ont pas produit des résultats suite au statut de la rébellion de l'AFC/M23 au niveau international.
« En réponse à la crise de liquidité qui a suivi, le 7 avril 2025, Corneille Nangaa a annoncé publiquement la reprise des activités bancaires par la réouverture de la CADECO (Caisse générale d'épargne du Congo) et la création d'une autoproclamée « Autorité de régulation du secteur économique, financier et des assurances » faisant office de banque centrale parallèle. La direction de CADECO s'est immédiatement dissociée de cette initiative, la qualifiant de manipulation économique au service d'une occupation armée. Le plan de Nangaa s’est heurté à de multiples difficultés, notamment le fait que le M23 était une entité sanctionnée, l'obligation d'obtenir l'approbation d'un gouvernement reconnu pour opérer, l'affiliation à SWIFT et la reconnaissance de la Banque des règlements internationaux. Au moment de la rédaction du plan, aucune institution bancaire n'était opérationnelle sur le territoire contrôlé par l'AFC/M23 », renseigne le rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.
Selon les experts, l'absence du fonctionnement des institutions financières a perturbé les activités économiques locales et affecté tous les aspects de la vie quotidienne.
« La prise de Goma et de Bukavu a entraîné l'arrêt des opérations bancaires et des systèmes de paiement, entravant les transferts de fonds et le versement des salaires, limitant l'activité économique locale et affectant tous les aspects de la vie quotidienne. Ces perturbations ont contraint les habitants à recourir à des alternatives coûteuses, notamment les services financiers numériques, pour accéder à leurs fonds », ajoute le rapport.
À la suite du lancement de cette initiative, le gouvernement de Kinshasa avait déjà prédit l'échec de cette initiative. Lors d'un briefing presse, le vice-premier ministre, ministre de l'économie nationale Daniel Mukoko Samba a réagi sur l'annonce de la relance, par la rébellion du M23/AFC, de la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO), avec pour objectif de faire d'elle la principale banque dans les territoires qu’elle contrôle. Pour Daniel Mukoko Samba, cette initiative de l'"ennemi" ne marchera pas car seule la banque centrale reste la base du secteur bancaire au pays.
Le dollar, principale devise étrangère en RDC, est devenu extrêmement rare à Goma. La pression se fait sentir sur l’ensemble de l’économie locale. Le taux de change du dollar, qui s’établissait à environ 2 700 francs congolais avant l’arrivée de la rébellion, dépasse désormais les 3 000 francs, selon des changeurs de monnaie interrogés sur place. Le peu de billets en dollars qui circulent encore proviendrait des stocks restants des cambistes et de certains apports en espèces réalisés par des opérateurs économiques.
Clément MUAMBA