Si dans la conquête de Goma chef-lieu de la province du Nord-Kivu, la rébellion de l'AFC/M23 avait rencontré une forte résistance avant son occupation, cela n'était pas le cas dans la conquête de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Ceci ressort du rapport du groupe d'experts des Nations-Unies. D'après ledit rapport consulté par ACTUALITE.CD mercredi 2 juillet 2025, si au départ, ils avaient du mal à gouverner la province, les rebelles de l’AFC/M23 poursuivent désormais leurs conquêtes dans le Sud-Kivu profitant de la rivalité entre les groupes wazalendo.
« Au Sud-Kivu, l'AFC/M23 a conquis de vastes territoires, dont la capitale provinciale Bukavu, conquise par l'AFC/M23 et les RDF sans combats majeurs. Tandis que l'AFC/M23 peinait à maintenir l'ordre et le contrôle, elle a poursuivi sa progression vers le sud, face aux groupes wazalendo affaiblis par des rivalités internes », rapporte les experts des Nations-Unies.
À la suite du décès du colonel déserteur et chef de la milice Twirweneho, Michel Rukundo alias Makanika tué dans une frappe de drone des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à Minembwe, dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu), Charles Sematama a pris le commandement de cette milice alliée à l’AFC/M23.
Dans les Hauts Plateaux, Charles Sematama a pris le commandement de Twirweneho après l'assassinat de « Makanika », un individu sanctionné, officialisant ainsi l'alliance de Twirwaneho avec l'AFC/M23. Le renforcement massif des troupes burundaises, ainsi que le soutien du Rwanda à l'AFC/M23, qui progressait vers les zones frontalières du Burundi, ont exacerbé les tensions entre le Rwanda et le Burundi », dit le rapport.
La rébellion de l'Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) renvoie au Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé actif dans le Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), qui a mené une insurrection entre avril et novembre 2013, et qui est réapparu avec des offensives en novembre 2021 soit deux ans après l'accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême (janvier 2019). Ce groupe armé composé généralement des Tutsis, est constitué principalement d'anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés aux Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) mais qui se sont rebellés en 2012, estimant que le gouvernement congolais ne respectait pas les termes d'un accord de paix de 2009.
Contrairement aux précédentes conquêtes, cette fois-ci le mouvement rebelle proche de Kigali a fait croître son influence dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Ce mouvement rebelle occupe une grande partie des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Des initiatives de paix en cours pour tenter de trouver un accord avec Kinshasa n'ont pas encore donné des résultats escomptés malgré la signature de l'accord de Washington entre la RDC et le Rwanda.
La semaine dernière devant le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, la délégation de la République Démocratique du Congo avait dénoncé la course expansionniste de la coalition AFC-M23-RDF qui étend ses conquêtes menaçant la ville d'Uvira frontalière avec le Burundi.
Clément MUAMBA