Le président congolais Félix Tshisekedi a réaffirmé son soutien à un référendum pour trancher sur l’avenir de la Constitution, lors d’un meeting populaire tenu mardi à Kalemie. Face à une classe politique divisée et une société civile inquiète, le chef de l’État a insisté sur le rôle déterminant du peuple congolais dans ce processus, qu’il considère comme une étape clé pour l’avenir institutionnel du pays.
« Je n’ai rien changé comme propos. J’ai donné la position, c’est maintenant le tour du peuple lui-même », a déclaré Félix Tshisekedi devant une foule à Kalemie. Il a assuré que cette initiative visait le bien du peuple et non son intérêt personnel. « Vous êtes un peuple mature qui a mis en difficulté toutes les dictatures de ce pays. Vous avez le droit d’analyser, de réfléchir et de prendre une décision », a-t-il martelé, tout en promettant de laisser un débat ouvert entre partisans et opposants avant que le dernier mot ne revienne à la population.
De son côté, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), a réitéré la position du parti présidentiel lors d’une interview accordée à RFI lundi. En évoquant l’article 218 de la Constitution actuelle, il a affirmé que le référendum était l’option préférée pour trancher sur cette question. « Je préfère que le peuple règle cette affaire », a-t-il déclaré, tout en soutenant que la réforme de la Constitution faisait partie des promesses de l’UDPS pour moderniser les institutions.
Le projet de révision ou de changement de la Constitution divise profondément. Le Front Commun pour le Congo (FCC), principal regroupement de l’opposition, accuse Félix Tshisekedi de vouloir « liquider le consensus de Sun City » à travers un référendum biaisé. De son côté, le député Delly Sesanga dénonce une tentative de préparer un troisième mandat présidentiel. Il appelle à une mobilisation massive le 16 décembre, en mémoire du référendum de 2005 qui avait conduit à l’adoption de l’actuelle Constitution.
La société civile, notamment le Panel des Experts, a également exprimé ses réserves. Elle souligne que le budget national ne prévoit pas les ressources nécessaires pour une telle initiative, estimée à plus d’un milliard de dollars. Elle demande la suspension du projet, mettant en avant des priorités budgétaires plus urgentes.
Pour l’UDPS et ses partisans, la Constitution de 2006 est devenue obsolète. Ils pointent du doigt les tensions entre gouverneurs et assemblées provinciales, ainsi qu’un processus décisionnel qu’ils jugent trop lent. Félix Tshisekedi a, pour sa part, critiqué l’origine de l’actuelle Constitution, élaborée « à l’étranger et par des étrangers », et insiste sur la nécessité d’un texte qui reflète mieux les aspirations congolaises.