À l’occasion de la Journée Internationale des Filles célébrée le 11 octobre de chaque année, le DeskFemme a rencontré Madeleine Mwadi, préfet de l’institut Nkamu de Lemba/ Kinshasa. Elle revient sur les défis auxquels font face les parents dans l’éducation des filles durant l’adolescence et propose des stratégies pour aider les jeunes à s’épanouir.
Madame, pourquoi est-il important de parler des crises d’adolescence chez les jeunes filles ?
Madeleine Mwadi: L’adolescence est une période importante dans la vie de tout jeune, particulièrement d’une jeune fille. C'est un moment de transition où la fille construit son identité, fait face à des pressions sociales et découvre son corps. Les crises d’adolescence peuvent être sources de conflits entre parents et filles, mais elles représentent aussi une opportunité de dialogue et de renforcement des liens familiaux.
Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les adolescentes durant cette période pour leur développement ?
Madeleine Mwadi: Les adolescentes rencontrent des difficultés telles que les stéréotypes de genre, l'accès limité à l'éducation, les mariages précoces et les attentes culturelles qui pèsent sur leurs aspirations. Ces obstacles peuvent freiner leur développement personnel et professionnel.
Quels sont les principaux défis que rencontrent les parents congolais dans ce contexte pour aider leurs filles à se développer?
Madeleine Mwadi: De nombreux parents sont confrontés à des stéréotypes culturels qui influencent leur manière d’éduquer leurs filles. Mais aussi la pression sociale pour que ces filles réussissent sur les plans académique et matrimonial crée souvent une atmosphère de stress. De plus, le manque de ressources et de formation sur la gestion des crises d’adolescence complique encore plus la situation.
Comment évaluez-vous la gestion de ces crises par les parents ?
Madeleine Mwadi: La gestion des crises d’adolescence par les parents varie considérablement. Certains font preuve de compréhension et s'efforcent de dialoguer avec leurs filles, tandis que d'autres adoptent une approche plus autoritaire, ce qui peut exacerber les conflits. Ils doivent être formés sur les enjeux adolescents pour améliorer leur gestion de ces crises.
Quelles stratégies leur recommandez-vous pour mieux gérer ces crises ?
Madeleine Mwadi: Je conseille aux parents de d’abord établir une communication ouverte et bienveillante avec leurs enfants en période de croissance, surtout les filles. Ils doivent écouter leurs préoccupations sans jugement. Ensuite, encourager leur autonomie tout en leur offrant un soutien. Les activités en groupe, comme les ateliers ou les clubs, peuvent aussi aider les filles à partager leurs expériences et à se sentir moins isolées.
Comment les écoles et les communautés peuvent-elles soutenir les parents dans cette tâche ?
Madeleine Mwadi: D’un côté, les éducateurs, enseignants… peuvent servir de médiateurs en organisant des sessions d'information pour les parents, afin de les aider à mieux comprendre les enjeux liés à l’adolescence pour mieux gérer leurs enfants. Et de l’autre, les communautés doivent valoriser les jeunes filles, en leur fournissant des modèles positifs et en créant des espaces sûrs où elles peuvent s’exprimer, elles doivent promouvoir l’égalité des sexes dans tous les domaines afin de permettre aux filles de se sentir considérées et utiles à la société.
Quelles initiatives pourraient être mises en place pour améliorer la situation des jeunes filles au Congo ?
Madeleine Mwadi: On doit promouvoir des programmes éducatifs axés sur le développement personnel des filles; les initiatives de mentorat et les bourses d’études pour contribuer à leur autonomisation. Enfin, sensibiliser la société sur l’importance de l’égalité des sexes pour changer les mentalités.
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes filles congolaises à l’occasion de cette journée ?
Madeleine Mwadi: Je les invite à croire en elles et en leurs rêves. De toujours demander de l’aide si nécessaire et de faire entendre leurs voix dans chaque circonstance pour faire respecter leurs droits. Elles ont le pouvoir de façonner leur avenir, alors elles doivent se réveiller et pendre les choses en mains.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka