Denis Mukwege déplore la non adoption jusqu'à ce jour de la politique nationale de justice transitionnelle et insiste sur l'effectivité du travail du FONAREV

ACTUALITE.CD

Dr Denis Mukwege a exprimé ses vives "inquiétudes" au sujet de la non évolution de l'agenda relatif à la justice transitionnelle en République Démocratique du Congo. Dans un message intitulé : "Rapport Mapping 14 ans", le Prix Nobel de la paix dit avoir noté beaucoup de promesses du gouvernement mais peu d'avancées concrètes sur terrain.

"Alors que le Président Félix Tshisekedi avait suscité l’espoir en 2020 suite à l’expression d’une volonté politique de placer la justice transitionnelle à l’agenda du gouvernement lors de son premier mandat, force est de constater que seul un mécanisme non judiciaire, le Fonds national de réparations – le FONAREV –  a été installé sous l’égide du Bureau de la Première Dame, mais n’est pas encore opérationnel et effectif, ce qui engendre beaucoup de déceptions dans le chef des victimes", a déploré le Denis Mukwege qui interpelle les autorités congolaises au lendemain de la 79e Assemblée générale des Nations-Unies.

Il a ajouté :

"De plus, malgré le lancement d’un processus de consultation populaire sur la justice transitionnelle sous l’impulsion du ministre des Droits humains en 2022 et la mise en place d’un Comité scientifique chargé de l’élaboration du projet de politique nationale de justice transitionnelle en RDC, cette politique n’a toujours pas été adoptée 14 ans après la publication du rapport par les Nations unies".

Le Prix Nobel de la Paix note que la non prise en charge de cette question dans le programme d'actions du gouvernement Suminwa démontre l'absence de volonté politique pour faire avancer cette question.

"Nous déplorons que le programme d’actions du gouvernement pour 2024-2028 ne contienne qu’une mention cosmétique à la justice transitionnelle, ce qui démontre qu’il n’y a pas une réelle volonté politique du régime en place pour faire avancer la justice transitionnelle en RDC, ce qui est très regrettable lorsque l’on sait que l’impunité pour les crimes du passé alimente la répétition des atrocités jusqu’à a ce jour", a fait remarquer le gynécologue.

Il y a quelques années déjà, le pays s'était doté d'une loi fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et autres crimes en République démocratique du Congo.  Cette loi avait prévu la signature du décret N•22/38 du 6 décembre 2022 fixant le statut d'un établissement public dénommé "Fonds National de Réparation des Victimes des Violences Sexuelles liées aux conflits et d'autres crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité en République Démocratique du Congo" (FONAREV). Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre du combat de la Première Dame Denise Nyakeru Tshisekedi afin de valoriser les femmes victimes des violences sexuelles.

La mise en place de ces textes a permis une approche à long terme centrée sur la justice, la réconciliation et le développement durable essentielle pour permettre aux victimes de se reconstruire et de retrouver une vie digne. C'est dans ce cadre que le gouvernement de la République a décidé d'institutionnaliser la journée du 2 août, journée du GENOCOST dédiée aux victimes des crimes perpétrés par des rebelles soutenus par des multinationales et des États de la région.

Clément MUAMBA