RDC: Justicia Asbl dénonce le projet de révision de la constitution révélé par le SG de l’UDPS

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L'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) a clairement exprimé sa position favorable à la révision de la constitution. Lors d'une matinée politique tenue au QG du parti au pouvoir dimanche dernier, Augustin Kabuya, secrétaire général, a déclaré que la constitution de 2006 contient plusieurs lacunes notamment sur les question liées à la longue durée que prend formation du gouvernement au début du quinquennat présidentiel, bloquant ainsi l’action du Chef de l’Etat.  

Pour Justicia Asbl, une organisation de promotion et de protection des droits de l’homme, du droit humanitaire et de développement basée en RDC, M. Kabuya a, dans ses propos, entretenu une confusion entre la révision de la constitution et son changement, «en arguant que la constitution bloque le chef de l’Etat dans la mise en place du gouvernement après son élection et que le mandat du Chef de l’Etat sur papier est de 5 ans, alors qu’en réalité, il n’est que de 3 ans », a réagi cette ONG dans un communiqué de presse consultée par ACTUALITÉ.CD.

Cette organisation estime par que les déclarations de cet homme de confiance de Félix Tshisekedi constituent une violation flagrante et manifeste de l'article 220 alinéa premier de la constitution, et peuvent également s'apprécier en terme d'initiative visant à renverser le régime constitutionnel «en vue d’y installer les mêmes personnes pour des fins politiques inavouées ».

Elle rappelle la dynamique de l'UDPS, alors à l'opposition, en synergie avec d'autres partis politiques et des mouvements de la société civile en 2016, qui étaient vent debout contre toute tentative de révision de la constitution, sous l'ère Kabila.

«C’est également le lieu de rappeler que depuis 2016, l’UDPS et d’autres forces politiques et sociales avaient coalisé contre toute tentative de révision de la constitution, chose qui a abouti à l’organisation des élections en 2018 ainsi qu’une passation de pouvoir entre le Président sortant ayant rempilé ses deux mandants et le Président en exercice dont le second et dernier mandat arrive à terme en décembre 2028», écrit Justicia Asbl.

S'adressant aux militants du parti présidentiel, Kabuya avait démontré que le temps que prend l'informateur pour l'identification de la majorité, l'investiture du gouvernement consomment près d’une année du mandat de 5 ans. À l'en croire, les 5 ans sont théoriques, «en réalité c'est 3 ans ». 

Félix Tshisekedi avait déjà donné le ton sur cette question en mai dernier devant la diaspora congolaise à Bruxelles. Il avait exprimé son intention de mettre en place une commission pouvant réfléchir afin de doter le pays d'une "constitution digne".

Il faut préciser que l'article 220 alinéa premier de la constitution est intangible. Il stipule que: «La forme républicaine de l'Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l'indépendance du Pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, ne peuvent faire l'objet d'aucune révision constitutionnelle ».

Si une grande partie de l'opposition s'oppose à cette initiative, soutenue par Félix Tshisekedi en début de son deuxième mandat, Adolphe Muzito, ancien premier ministre et opposant, épouse l'idée. Réagissant à la question du dialogue que prône Martin Fayulu, le président du Nouvel Élan a exigé que la rédaction d'une nouvelle constitution en soit le préalable. Pour l'ancien porte-parole de la majorité sous Joseph Kabila, André Alain Atundu, la constitution doit être changée en raison de l'intangibilité de quelques dispositions.

Samyr LUKOMBO