Condamné à mort pour le meurtre de son neveu à Kinshasa : l'histoire tragique de Tambwe Bondo Cédric alias Playboy

Photo d'illustration
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C'est un après-midi lourd de tensions à la maison communale de Kinshasa, où la foule s'amasse, impatiente et curieuse. Un véhicule 4x4, blanc et poussiéreux, s’immobilise dans la cour. Les murmures s'élèvent, les regards se braquent. Tambwe Bondo Cédric, 35 ans, natif de Lubumbashi, descend péniblement du véhicule, soutenu par des policiers.

Amputé de la jambe gauche, il avance avec difficulté, s'appuyant sur ses béquilles, son visage durci par les épreuves. Autour de lui, les huées de la foule résonnent, mais il semble imperturbable, indifférent à ce tumulte qui l'entoure.

La scène est saisissante. Derrière lui, une banderole exhibe la photo de King Kimbambe, son neveu, qu’il est accusé d’avoir tué. L’air sombre, Cédric s’installe, face à son destin. La calvitie bien visible, les traits marqués par la fatigue , il ne montre aucun signe de remords.

Le drame qui le ramène aujourd’hui devant le tribunal s’est produit sur l’avenue Maluku, le 17 août 2024.

C’était en fin de journée, vers 17h. La lumière du jour commençait à décliner, laissant place à la violence et au sang. Selon l'accusation, Cédric aurait asséné un coup de couteau fatal à son neveu, King, le blessant mortellement au cou. Le jeune homme, grièvement blessé, a succombé à ses blessures à l’hôpital général de Kinshasa.

Pourtant, Cédric nie tout en bloc. Il raconte une autre version, une histoire où c’est lui la victime. Il affirme que King l’aurait agressé, lui arrachant ses béquilles avant de tomber lourdement, la tête heurtant le pavé dur. Mais cette version n’a pas convaincu les témoins présents sur les lieux. Selon eux, Cédric, qu’on surnomme « Playboy » dans le quartier, est un homme dangereux, connu pour ses violences répétées. Il a déjà fait deux séjours en prison, toujours pour des litiges ou des altercations violentes avec des membres de sa famille.

« Je l’ai vu, ce jour-là. King était en sang, poignardé dans le cou. Cédric était ivre, comme souvent. Il a insulté la mère de King dès le matin, provoquant la colère de ce dernier », témoigne un voisin, la voix tremblante d’émotion.

Les dépositions s’enchaînent, et le tableau dressé par les témoins est accablant. Cédric apparaît comme un homme sans retenue, en conflit perpétuel avec son entourage. La sœur de King, absente lors de l'incident, rapporte ce qu’elle a entendu : les insultes, les menaces de mort proférées par Cédric le matin même du drame.

Après quatre heures d’audience, le jury se retire pour délibérer. La tension est palpable, les murmures de la foule se font plus insistants. Environ trente minutes plus tard, le verdict tombe : condamnation à mort. Un murmure de satisfaction parcourt l’assistance, suivi d’applaudissements. Le public, avide de justice, semble soulagé. Cédric, lui, reste impassible, les bras croisés, le regard fixé dans le vide. Pour lui, le chemin s’achève ici, dans l'indifférence froide de cette justice rapide.

La vie de Tambwe Bondo Cédric, marquée par la violence et la tragédie, bascule ainsi, dans une salle de tribunal, sous les yeux d’une foule qui l’avait déjà jugé bien avant les juges.