Fuite devant le M23 à Lubero: peine de mort requise, 22 militaires prévenus attendent leur jugement lundi

Procès des militaires fuyards devant le M23
Procès des militaires fuyards devant le M23

Le tribunal militaire de garnison de Butembo (Nord-Kivu) promet rendre son jugement lundi 8 juillet prochain dans le cadre du procès des militaires poursuivis pour fuite devant l'ennemi et pertes d'armes face à l'avancée des rebelles du M23 dans le Sud de Lubero. Depuis jeudi, 32 militaires dont trois capitaines comparaissent devant le tribunal dans une audience publique en cours dans la cour de la commune rurale de Lubero.

Vendredi, deux ont été condamnés à mort et  samedi 22 autres militaires ont vu le parquet requérir à leur encontre également des peines de mort pour fuite devant l'ennemi et pertes d'armes. 

Parmi ces 22 militaires, deux sont aussi poursuivis pour pillages, un pour extorsion, trois pour dissipation des minutions de guerre, un pour meutre, un pour tentative de meurtre et un autre aussi pour vol simple.

Le parquet a également requis la peine de mort pour pillage, meurtre et tentative de meurtre, 20 ans pour extorsion, 10 ans pour dissipation des minutions et 5 ans pour vol simple. 

S'agissant de l'infraction de fuite devant l'ennemi et de pertes d'armes, dans son réquisitoire, le ministère public a soutenu que ces militaires ont abandonné le front à Kanyabayonga et environs, et se sont retrouvés loin de la ligne d'attaque, permettant au M23 d'occuper les cités conquises la semaine dernière dont Kanyabayonga, Kayna, Miriki et Kirumba. 

Pour les avocats de la défense, ce ne sont pas tous les prévenus qui ont fui devant le M23. Maître Jules Muvweko a soutenu que certains militaires à la barre, y compris les trois capitaines n'ont jamais quitté le front et ont d'ailleurs été arrêtés dans les localités où étaient déployées leurs unités. La défense a demandé au tribunal de déclarer non établie cette infraction de fuite pour ces militaires. Pour le  reste de soldats qui ont fui les combats, la défense a évoqué des conditions de vie médiocres sur le front qui doivent avoir poussé certains militaires à commettre des manquements, notamment des maigres rations qui les poussent à aller se chercher de la nourriture, jusqu'à piller pour certains. Pour ce qui est toujours des cas de pillages, la défense a révélé que pour certains cas présentés au tribunal, il s'agit des militaires qui avaient plutôt été utilisés par leurs chefs pour transporter les biens d'autrui avec lesquels ils ont été arrêtés. 

La défense a sollicité la clémence du tribunal pour sanctionner ces prévenus avec des circonstances atténuantes. Car, d'après maître Jules Muvweko, ces militaires sont à majorité jeunes et doivent encore aider le pays aujourd'hui en besoin de militaires pour vaincre la guerre. 

Ainsi l'affaire est prise en délibéré pour un jugement attendu lundi 8 juillet prochain. 

Entre-temps, le tribunal a amorcé l'instruction des causes de dix autres prévenus poursuivis pour les mêmes faits. Chaque jour du procès, l'effectif des prévenus ne fait qu'augmenter. 

Mais un agent de la police affecté à la grande barrière sur la route nationale a indiqué à ACTUALITE.CD que depuis le début de ces procès "dissuasif et pédagogique", les militaires fuyards ne sont plus interceptés comme la semaine dernière. 

Claude Sengenya