Hélène Ngoie, 53 ans et mère de 7 enfants, se réveille avant l'aube, comme tous les matins depuis plus de 5 ans. A peine le soleil levé, elle s'affaire déjà dans sa petite boulangerie, située dans la commune de Lemba à Kinshasa. L'odeur du pain chaud embaume l'air, attirant les clients dès les premières heures du jour.
Le parcours de Hélène Ngoie n'a pas toujours été aussi florissant. Il y a quelques années encore, elle était employée de maison, jonglant entre les tâches ménagères et le souci constant de subvenir aux besoins de sa famille. Mais un jour, le destin a frappé à sa porte, lui offrant l'opportunité de reprendre une boulangerie en difficulté.
"C'était un pari risqué. Je n'ai jamais exercé dans ce domaine, ni côtoyer ceux qui y sont. Mais l'offre me semblait meilleure. J'ai donc décidé de m'y lancer grâce à mes économies", confie-t-elle.
Dotée d'une volonté inébranlable et d'un amour inconditionnel pour sa famille, elle a su relever le défi. Tenir sa boulangerie, un petit local, certes, mais rempli d'espoir et de la passion d'une femme entreprenante. Elle a appris les rudiments du métier, s'est formée auprès d'anciens boulangers et a insufflé à sa boulangerie une touche unique.
"Grâce à mes formations, j'ai réussi à apporter une touche particulière pour attirer de la clientèle vu qu'il y a déjà autant de boulangeries à Kinshasa. La vie de boulangère n'est pas facile. Les journées commencent tôt, avant l'aube, pour préparer la pâte et enfourner les premiers pains. Il faut ensuite être présente toute la journée pour servir les clients et gérer l'entreprise. C'est un travail difficile, mais c'est très gratifiant", dit-elle. "Voir les gens sourire en savourant mon pain, c'est la meilleure des récompenses".
Les débuts d'Hélène Ngoie n'ont pas été faciles. Les journées étaient longues et épuisantes, les obstacles nombreux. La concurrence était rude, les clients parfois capricieux, et les imprévus ne manquaient pas. Mais Hélène, avec sa force de caractère et son sens du travail, a persévéré.
"Je me réveille chaque jour à 4h pour me rendre à la boulangerie, faire la pâte afin de tout apprêter avant l'aube et offrir à mes clients du pain chaud. Tout juste après, je parcours quelques avenues de Kinshasa avec mon bassin pour vendre le reste de pains. Au début, la vie n'était pas facile à la maison. Les ingrédients me demandaient beaucoup plus que je ne l'imaginais et ça me prenait presque toutes mes finances".
Mais aujourd'hui, sa boulangerie est devenue une institution dans le quartier. Elle emploie plusieurs journaliers. sa boulangerie permet de gagner au moins 50 dollars par jour, un montant bien supérieur à ce qu'elle gagnait en tant que femme de ménage.
"Avec ces bénéfices, je peux m'occuper de ma famille, payer les gens qui travaillent avec moi et répondre aussi à mes petits besoins", explique-t-elle.
Mais pour elle, l'argent n'est pas le plus important. Ce qui la motive avant tout, c'est la satisfaction de ses clients. Elle prend plaisir à les accueillir chaque matin avec un sourire et à leur proposer des pains chauds et savoureux.
Son quotidien est rythmé par le ballet incessant des préparations : pétrissage de la pâte, façonnage des pains, cuisson minutieuse. Chaque geste est empreint de passion et de savoir-faire, transformant des ingrédients simples en délices qui enchantent les papilles gustatives.
La boulangerie d'Hélène Ngoie est plus qu'un simple commerce, c'est un lieu de vie, un carrefour où se rencontrent les habitants du quartier. Elle y accueille ses clients avec un sourire chaleureux et une attention particulière, s'enquérant de leur bien-être et leur offrant plus qu'un simple pain : un morceau de sa gentillesse et de sa bienveillance.
Hélène Ngoie incarne l'esprit combatif des femmes congolaises, leur capacité à surmonter les obstacles et à se forger un avenir meilleur. Son histoire est une ode à la résilience et à l'entrepreneuriat féminin, son exemple inspire et donne espoir à celles qui, comme elle, rêvent de réaliser leurs rêves et de contribuer à l'essor de leur communauté.
Nancy Clémence Tshimueneka