De la visite de la première ministre dans l’Est de la RDC, à la sortie du gouvernement provincial de Kinshasa, en passant par le départ entamé de la MONUSCO au Sud Kivu, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Bienvenue Lundula.
Madame Bienvenue Lundula, pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Bienvenue Lundula: Je suis juriste de formation et chercheuse en Droit de l'environnement , militante des droits de l'enfant et de la jeune fille. Je travaille comme jurisconsulte.
La Première Ministre, Judith Suminwa a clôturé sa visite officielle par la ville de Goma. Sa visite avait pour but de réconforter cette population meurtrie par plusieurs années de guerre et d’insécurité. Quelles solutions pouvez-vous proposer pour rompre avec le cycle des crises et promouvoir un développement durable en RDC ?
Bienvenue Lundula: Nous connaissons tous la principale cause de ces massacres, je pense que l'État devra user de tous les moyens pour mettre fin à ces violences soit par la guerre ou les solutions diplomatiques profitables à tous. Il faut renégocier même le coût des exploitations minières, pourvu que la vie humaine soit préservée.
La MONUSCO a entamé son retrait de la province du Sud-Kivu. La cérémonie marquant la fermeture officielle de son bureau de Bukavu a eu lieu le 25 juin à l’aéroport de Kavumu. Que pensez-vous de ce retrait de la MONUSCO du Sud-Kivu?
Bienvenue Lundula: Nous sommes plus exigeants envers une force dont le but est de renforcer l'armée congolaise, que nos dirigeants qui doivent doter l'armée congolaise des moyens nécessaires pour combattre. Personne ne nous défendra mieux que nous mêmes, même après plus de 20 ans, la MONUSCO ne devrait pas tout faire à notre place, j'ose croire que l'État a pensé aux mécanismes pour palier à l'absence de la MONUSCO, sinon je crains que ça soit encore pire car il y a beaucoup d'enjeux.
Quelles mesures, selon vous, les autorités locales peuvent mettre en place pour pallier à l'absence de la MONUSCO ?
Bienvenue Lundula: Ces mesures ne doivent pas seulement être l'apanage des autorités locales mais de tout le monde. Surtout des autorités nationales, car la question liée à la sécurité, la paix et intégrité territoriale, est une affaire de l'État et ce dernier devra : renforcer les dispositifs sécuritaires, doter l'armée congolaise de plus de matériels, veiller à la prise en charge des militaires et leurs familles,ceci constituera une véritable motivation.
L’ex-ministre du Développement rural, François Rubota et l’entrepreneur Mike Kasenga, ont été placés jeudi soir sous mandat d’arrêt provisoire et transférés à la prison centrale de Makala. Ils sont impliqués dans le dossier de surfacturation des forages. Que pensez-vous des conditions de leur arrestation et détention?
Bienvenue Lundula: Le mandat d'arrêt étant un état de détention préventive, il est décidé si l'officier du ministère public constate : des indices sérieux de culpabilité, crainte de fuite ou encore une identité douteuse. Si le procureur a opté pour cette mesure, j'ose croire qu'il s'est fondé sur l'une de ces motivations après l'interrogatoire. Cependant le déclenchement de l'action publique dans cette affaire est une décision encourageante pour décourager le détournement.
Christophe Mboso a saisi le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe afin de faire valoir ses droits et ceux des membres de l’ancien bureau provisoire de la Chambre basse du Parlement, par une lettre qui a d’abord inondé les réseaux sociaux. Que pensez-vous de sa démarche?
Bienvenue Lundula: Le paiement des indemnités des membres du bureau provisoire de l'Assemblée nationale est légitime et le réclamer est un droit qui leur est reconnu. Cependant il y a des procédures à suivre pour obtenir gain de cause et parmi ces différentes procédures, les réseaux sociaux ne figurent pas. Le journal la PROSPÉRITÉ a, le 25 juin 2024, appelé le gouvernement congolais à limiter considérablement les voyages à l'étranger, dont les coûts élevés compromettent les efforts déployés pour la réussite du programme d'action du nouveau gouvernement et, par conséquent, de la vision du président de la République.
Quelles alternatives aux déplacements à l'étranger pouvez-vous proposer pour que le gouvernement congolais puisse mener à bien ses missions ?
Bienvenue Lundula: Comme alternatives je proposerai de : privilégier les missions qui ont un impact réel sur le développement du pays, privilégier la participation en ligne pour les rencontres dont la vidéoconférence est possible , réduire le nombre des personnes dans les délégations.
Le Gouvernement provincial de Daniel Bumba a la particularité de voir une femme occuper le portefeuille aussi stratégique que celui de l’Intérieur. Il s’agit de la Colonel Mimie Bikela Mundele. Celle-ci est du reste l’une de 4 femmes sur 20 membres que compte la toute première équipe du successeur de Gentiny Ngobila. Quelles sont vos impressions par rapport à ceci?
Bienvenue Lundula: Je reste confiante que la colonelle Mimie a été choisi sur base de ses compétences, et c'est une preuve de plus de la confiance à l'endroit de la femme. Nous souhaitons à toutes les femmes du gouvernement provincial de donner le meilleur d’elles pour laisser leurs empreintes, chacune où elle est affectée, mais aussi de travailler pour l'avancement de la vie.
Que pensez-vous de la composition de ce nouveau gouvernement provincial ?
Bienvenue Lundula: Nous espérons que ces membres ont été choisis sur base de ces différentes valeurs et compétences. La question de représentativité importe peu, nous pouvons avoir : une femme sur 20 membres, un homme sur 20 mais s'ils sont choisis sur base de compétences et valeurs, il n'y a pas de problème. On a pas non plus besoin d'avoir 100 membres pour espérer le développement. Ce nouveau gouvernement demande juste des hommes et femmes compétents, porteurs de valeurs notamment le patriotisme.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis d'eux pour améliorer la vie des Kinois ?
Bienvenue Lundula: Il y a des grands défis auxquels la ville de Kinshasa fait face, notamment les embouteillages, l’insalubrité, l’impraticabilité des routes, l'augmentation des prix de denrées alimentaires etc. Le gouvernement devra juste réfléchir sur comment pallier cela. Renforcer les mécanismes de contrôle des prix des transports, renforcer les mécanismes de contrôle des prix des denrées alimentaires, la construction des routes secondaires pour pallier aux embouteillages.
Marie-Josée Ifoku a publié une réflexion sur l’indépendance du Congo. Elle note que le pays n’a jamais connu un leadership politique efficace et durable, capable de promouvoir une véritable unité nationale et de développer des projets structurants pour la nation. Quelle analyse faites-vous de sa réflexion ?
Bienvenue Lundula : Sans pourtant être totalement d'accord avec sa réflexion, je pense qu'il y a une part de vérité quand elle aborde la question du leadership, ce qui a toujours manqué en RDC ce sont des vrais dirigeants leaders, qui font passer l'intérêt de la nation avant leurs propres intérêts. Cependant il y a des dirigeants notamment le Président Mobutu et Joseph KABILA qui ont posé des actes remarquables pour l'unité nationale.
Quelles pistes de solution pouvez-vous proposer pour corriger les erreurs du passé et construire un avenir meilleur pour le pays?
Bienvenue Lundula: Ce qui doit primer avant tout, c’est l'amour de la patrie. Le patriotisme a quitté la vie de la majorité des Congolais. Gouvernants comme gouvernés, chacun agit pour ses intérêts égoïstes; on doit aussi travailler en mettant de côté ce qui nous divise pour l'amour de la patrie et cela est possible qu'en investissant à l'éducation civique des générations futures ( enfants) pour un avenir meilleur.
Ouverture de la conférence consacrée aux investissements africains en Tunisie. Le FITA se présente comme une occasion pour la Tunisie de tenter de se positionner comme hub en Afrique, mais aussi de faire oublier les violences contre les ressortissants d’Afrique de l’ouest et centrale. Que pensez-vous de l’ impact de ces violences sur l’image de la Tunisie en Afrique ?
Bienvenue Lundula: Avec les violences sur les migrants africains, la Tunisie est vue comme le pays le plus raciste en Afrique, je ne pense pas que le FITA puisse faire oublier aux Africains, ces différentes violations, qui ont entraîné des pertes énormes en vies humaines.
Quelles mesures concrètes, les autorités tunisiennes peuvent mettre en place, à l’instar du FITA pour lutter contre ces violences et promouvoir l'inclusion ?
Bienvenue Lundula: Les autorités tunisiennes doivent sanctionner sévèrement les auteurs de ces différentes violences, renforcer les mécanismes de protection des migrants et demandeurs d'asile.
Au Kenya, le président Ruto a annoncé le retrait du projet de budget 2024-25 qui prévoit des hausses de taxes, à l'origine d'une puissante contestation dans le pays qui a sombré mardi dans une violence meurtrière. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
Bienvenue Lundula: Une décision salutaire car les actes des gouvernants doivent satisfaire l'intérêt général ou mieux des gouvernés. Si une décision n'est pas approuvée par les destinataires qui sont la population, le gouvernement est dans l'obligation de la retirer.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka