Sango ya bomoko: ce discours séparatiste qui menace la cohésion sociale

Sango ya bomoko
Sango ya bomoko

“ Commençons de supprimer tous les tutsi habitant la RDC ”. C’est le résumé d’un discours collecté par les équipes de Sango ya bomoko au cours d’une discussion communautaire à Kinshasa. 

Ce qu’il faut retenir 

Vouloir supprimer tous les Tutsi est gravissime et relève du crime de génocide que la communauté internationale châtie sévèrement via la Cour Pénale Internationale (CPI).

D'après l'article 5 du Traité de Rome, on entend par crime de génocide l'un quelconque des actes ci-après commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) Meurtre de membres du groupe ;

b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe ;

Les auteurs de génocide risque une peine de prison à perpétuité. D'après l'article 77, les peines applicables sont :

a) Une peine d'emprisonnement à temps de 30 ans au plus ; ou

b) Une peine d'emprisonnement à perpétuité, si l'extrême gravité du crime et la situation personnelle du condamné le justifient.

2. À la peine d'emprisonnement, la Cour peut ajouter :

a) Une amende fixée selon les critères prévus par le Règlement de procédure et de preuve ;

b) La confiscation des profits, biens et avoirs tirés directement ou indirectement du crime, sans préjudice des droits des tiers de bonne foi.

La RDC a ratifié le statut de Rome. Signalons qu'il y a des Tutsi Congolais. Ceux-ci vivent notamment dans les territoires Masisi et Rutshuru au Nord-Kivu ainsi qu'à Minembwe dans le Sud-Kivu.

Ces populations d'expression kinyarwanda (Hutu et Tutsi) sont majoritaire dans ces territoires, d'après un article d'Étienne Rusamira portant sur « La dynamique des conflits ethniques au Nord-Kivu : une réflexion prospective » et publié sur Cairn.info, un site publiant des revues scientifiques en sciences humaines et sociales.

À en croire le même article, le Nord-Kivu, outre la ville de Goma qui en est lechef-lieu, est subdivisé en 5 territoires à savoir : Beni, Lubero, Masisi, Rutshuru et Walikale. La répartition ethnique dans cette province de la RDC se présente de la manière suivante : la zone de Beni et Lubero est exclusivement peuplée des Nande ; celle de Rutshuru occupée majoritairement par les Banyarwandas autochtones ; la zone Goma-Masisi-Walikale est hétérogène sur le plan ethnique (Hunde,Tembo et Banyarwanda dans le Masisi, et Nyanga à Walikale).

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Cet article est réalisé dans le cadre de la vulgarisation du bulletin Sango ya Bomoko, qui collecte et répond aux rumeurs qui circulent dans la communauté pour prévenir le développement de discours de haine, tribalistes et la désinformation capables de briser la cohésion sociale.