La République démocratique du Congo est signataire du protocole de Maputo, un traité régional sur les droits des femmes qui enjoint les États à légaliser l'avortement lorsque la grossesse met en danger la santé physique et mentale de la mère et en cas de viol, d'inceste et d'anomalie fœtale. Face à cette mesure, les Kinoises invitent le corps médical à respecter les conditions établies par ce protocole pour procéder à l'avortement protégé.
"La motivation est bonne, mais je crains que les médecins en abusent et que ça ne devienne un libertinage qui permettra aux jeunes de procéder à l'avortement quand et comme ils veulent", souligne Kawanga Rosalie, assistante à l'UPC.
Pour Zolua Plamedie, infirmière au centre de santé Lumière de Lemba, l'accès à ces soins devrait être conditionné par une note médicale pour le cas d'anomalie fœtale et d'une lettre de la commune pour le cas d'inceste et de viol.
"Cela constituerait des preuves tangibles des faits et nous éviterait de tuer les innocents. Ça nous permettra de contraindre les jeunes à ne pas s'adonner à ces pratiques tout en comptant sur cette mesure."
De son côté, Akthie Espérance, licenciée en droit, estime que cette loi ne favorise pas du tout le respect des droits humains.
Peu importe la raison, on ne peut pas se permettre de mettre fin à la vie d'un être. Le fœtus est une vie humaine et l'avorter constitue un crime, a-t-elle soutenu.
"Une femme mariée qui a été enceintée par son époux sans son consentement, peut aussi solliciter l'avortement sécurisé ? Est-ce aussi un cas de viol ?" s'interroge Lanza Antho, étudiante en médecine qui appelle tout de même à une définition explicite des normes, surtout en cas de viol.
Le protocole de Maputo est le tout premier traité, ratifié par la RDC, à reconnaitre l'avortement dans certaines conditions comme un droit humain des femmes, dont elles devraient jouir sans restriction ni crainte de poursuites judiciaires. .
Nancy Clémence Tshimueneka