Les cas de violences faites à la femme sont en nette hausse à Kinshasa. Selon plusieurs sources concordantes, Antho Tewo Luala, une femme âgée de 40 ans, a perdu la vie dans la nuit du 3 au 4 janvier à Kinshasa, après avoir été battue par son mari Patrick Luala, candidat malheureux aux élections de 2023. Une situation qui vient alourdir le bilan des violences conjugales en RDC, où 1.000 cas avaient été enregistrés en 2023 selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.
Parmi les personnes rencontrées ce mercredi 24 janvier dans les rues de la capitale congolaise, certaines cautionnent ce comportement tandis que d'autres déplorent le fait de recourir à la violence.
Jean de Dieu est père de deux enfants. Selon lui, cette situation est due à la non-soumission de la femme envers son époux.
"C'est une recommandation biblique et lorsqu'une femme n'arrive pas à respecter ceci, on se doit de la rééduquer" a-t-il-dit
Un autre père de famille déclare sous couvert d'anonymat qu'être violent à l'égard de son épouse lui procure du plaisir.
"C'est un bonheur irrésistible de battre sa conjointe. Une femme lorsqu'elle est dotée appartient totalement et complètement à son mari, donc je peux faire d'elle tout ce que je veux pour me donner de la joie et embellir mes journées," explique-t-il en justifiant ses actes.
"Je le fais parce que ma femme aime ça", confie Willy, père de quatre enfants.
"Violenter une femme, je l'avais toujours pris pour une faiblesse jusqu'à ce que mon épouse me dise un jour qu'elle aimait être battue, frappée par son homme. Et maintenant que j'y suis habitué, je ne sais plus arrêter !"
Il appelle néanmoins les hommes à mettre fin à ces agissements et à offrir à la femme une vie paisible.
"Un homme normal ne peut pas frapper la femme qu'il aime. C'est comme se faire du mal soi-même. La période où les femmes étaient considérées comme des objets de plaisir à la solde des hommes est révolue."
Pour ChadRACK Boli, la responsabilité est partagée entre les conjoints.
"Avant d'arriver au mariage, il y a toujours une période qui précède pouvant permettre aux conjoints de se connaître et de définir les lignes de conduite à suivre dans leur union pour prévenir le pire. Il peut arriver que l'un d'eux déraille. Ceci ne peut en aucun cas donner l'occasion à l'autre de l'humilier ou porter atteinte à son honneur ou à sa dignité. L'essentiel, c'est d'apprendre à faire des concessions, à s'exprimer calmement et clairement pour faire comprendre à l'autre ce qu'on veut et marcher sur des lignes tracées ensemble."
Quelles solutions pour arrêter ce fléau ?
Patrick Ebwa, juriste de formation, appelle les femmes à prendre conscience des mœurs et des valeurs culturelles malgré la modernité.
"Chaque femme doit jouer son rôle d'épouse en accordant à son époux le respect et l'obéissance, sans toutefois se chosifier. S'il arrive que, malgré toutes les précautions prises, l'homme reste violent, les femmes devraient briser le silence et amener le dossier en justice."
"De son côté, l'homme devrait apprendre à aimer et à respecter sa femme. La protéger et ne pas l'exposer. Parce que celui qui aime sincèrement ne peut pas accepter d'être cause du malheur ou des douleurs de la personne qu'il aime," a-t-il renchéri.
Nancy Clémence Tshimueneka