Réintégration d'Eddy Kapend dans l'armée congolaise : les avis des femmes politiques divergent

Photo/ Droits tiers
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Gracié en 2021, vingt ans après avoir été condamné pour l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila, Eddy Kapend a été élevé au grade de général et nommé à la tête de la 22e région militaire dans le Grand Katanga. Plusieurs voix s'élèvent pour saluer son retour dans l'armée, mais quelques inquiétudes taraudent certains esprits.

Jeanne Grâce Mabiala, candidate à la députation provinciale dans la circonscription de Masina, estime qu'Eddy Kapend pouvait faire son retour dans l'armée tout en gardant son rang de lieutenant-colonel. Au regard du temps passé en prison, il ne maîtrise plus certains rouages pouvant l'aider à conduire à bon escient sa brigade.  Elle voit d'un mauvais œil son affectation dans le Grand Katanga, qui, selon elle, pourrait conduire à une guerre froide entre Eddy Kapend et ses détracteurs (Joseph Kabila et les généraux qui lui sont restés fidèles).

Florence Lebwaz, actrice sociopolitique et candidate à la députation nationale dans la circonscription de Mont Amba, pense quant à elle qu'il était temps pour Eddy Kapend de faire son retour dans l'armée au regard de la situation sécuritaire que traverse la RDC, avec des menaces de sécession et morcellement du Katanga.

"Le pays a besoin de l'expérience de Kapend pour restaurer et renforcer l'autorité de l'État", précise-t-elle.

De son côté, Melanie Yombo, candidate à la députation provinciale dans la commune de Selembao, pense que le temps n'était pas propice pour le retour d'Eddy Kapend dans l'armée.

"Le pays fait déjà face à de multiples agressions extérieures ainsi que les menaces de John Numbi, les sorties médiatiques de Nanga. Kapend étant un chien à abattre pour le camp de Joseph Kabila dans lequel on retrouve John Numbi. On aurait mieux fait d'unir d'abord les Congolais pour qu'ensemble nous puissions lutter contre l'ennemi avant de réintégrer Kapend et lui donner des hautes fonctions pour nous pousser à nous entretuer," déplore-t-elle.

Eddy Kapend avait passé environ 20 ans derrière les barreaux, ayant été condamné en 2001 par un tribunal militaire pour sa participation présumée à l'assassinat de l'ancien Président Laurent Kabila.

Le 8 janvier 2021, il quitte la prison de Makala, aux côtés de certains de ses co-condamnés, bénéficiant de la grâce présidentielle.

Cette décision de grâce avait été prononcée à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de la RDC et commuait sa peine, le faisant entrer dans la catégorie des prisonniers libérables.

Nancy Clémence Tshimueneka