Ce lundi 16 octobre, c'est la Journée mondiale de l'alimentation. À ce jour, la RDC fait face à la plus grande crise alimentaire au monde, avec 26 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire, selon la dernière analyse de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) publiée en 2022.
À Kinshasa, les ménagères attribuent cette situation à la hausse des prix des denrées alimentaires sur les marchés, ainsi que les mauvaises conditions d'hygiène.
"On ne sait plus rien faire à Kinshasa. Tout est devenu cher. Pour avoir de l'eau, il faut parcourir des kilomètres. Et se lancer dans le commerce de nos jours n'est pas facile. Avec la situation économique actuelle, les gens n'achètent presque plus. Même la qualité du sol ne permet plus de compter sur les activités agricoles. Nous ne savons plus nous approvisionner en vivres de bonne qualité ni les conserver faute d'électricité. Nous vivons presque dans des poubelles en étant exposés à des maladies chaque jour. Comment pouvons-nous ne pas tomber dans la malnutrition dans ces conditions," s'interroge Ruth Mayala qui habite à Lemba.
"Les conditions de vie de Kinshasa ne nous permettent pas de vivre, nous faisons l'effort de survivre.Les produits alimentaires vendus sur les marchés ne sont pas de bonne qualité, ils sont pleins d'engrais chimiques. Tout est devenu difficile et compliqué, nous ne savons même plus manger à notre faim. Que ce soit les enfants ou les adultes, nous tombons fréquemment malades à cause des conditions d'hygiène dans nos différents milieux de vie. Sur base de ce constat, je pense que la malnutrition est loin de quitter le Congo", précise Regine Kawandjo, infirmière dans un centre de Mont-Ngafula.
À leur tour, les vendeuses pointent du doigt l'instabilité du taux de change qui ne leur permet pas de mieux réaliser leurs activités.
"La hausse des prix des denrées alimentaires ne dépend pas de nous. Nous fixons le prix de vente par rapport à nos prix d'achat. Nous pouvons tous acheter le même produit à des endroits différents et constater que ce produit n'aura pas le même prix sur tout le marché, juste parce que le taux de change n'est pas le même partout. "Cette situation perturbe notre business", s'offusque Thérèse Mwela, vendeuse au marché du rond-point Ngaba.
"Pour une maison de 7 personnes, il est difficile aujourd'hui de se nourrir correctement avec moins de 20 000 FC. Nous qui vendons, nous voyons comment les prix des vivres varient au quotidien. Avec la crise économique, il est difficile de vendre plus de 50 $ chaque jour. Entretemps, nous devons nourrir nos foyers. Tout ceci ne nous permet pas de bien prendre soin de nous, des enfants et nous expose à des maux qui nous ont conduit aujourd'hui à cette malnutrition aiguë," souligne Nathalie Kabamba, vendeuse de riz au marché de Rond-point Ngaba.
L'instabilité du taux de change en RDC est une situation qui, non seulement entraîne la flambée des prix des produits de première nécessité, mais également une occasion pour les cambistes de manipuler arbitrairement le taux de change. Ce qui, d'après plusieurs experts du secteur n'est pas avantageux.
Pour faire face à cette situation, le Ministère de l'économie nationale a récemment déployé les inspecteurs économiques sur le marché pour assurer le contrôle des structures des prix et décourager la pratique des prix illicites. Mais sur le terrain, les produits vivriers gardent la tendance en hausse des prix.
Une étude de l'UNICEF, réalisée en 2022, révèle que la malnutrition sous toutes ses formes en République Démocratique du Congo (RDC) exerce une pression économique accablante, coûtant au pays plus d'1 milliard de dollars américains par an.
Selon le rapport, la malnutrition a un impact dévastateur sur la croissance économique et perpétue la pauvreté à travers des pertes directes de productivité, des coûts de soins de santé accrus et des déficiences cognitives qui entraînent des échecs scolaires. Le coût économique de la malnutrition est estimé à 1,172 milliard de dollars américains par an, représentant une menace sérieuse pour le développement durable du pays.
Nancy Clémence Tshimueneka