Le 21 août, le Chef de l’Etat a échangé avec le premier ministre, le président du Sénat, le premier vice-président de l'Assemblée nationale, le président de la Cour constitutionnelle ainsi que celui du Conseil Supérieur de la Magistrature sur l’avenir de l'état de siège, une semaine après la table ronde autour de son évaluation. Faut-il lever, maintenir ou requalifier cette mesure exceptionnelle ? Gladys Mubuya, point focal de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la sécurité (WILPF RDC) dans la province du Nord-Kivu, a partagé son point de vue à ce sujet avec le Desk Femme d'Actualité.cd
« L’objectif principal de l’état de siège décrété le 6 mai 2021 était de lutter contre les groupes armés au Nord-Kivu et en Ituri en vue d'instaurer la paix et la sécurité dans ces régions du pays », rappelle-t-elle.
A ce jour, l’état de siège a été prorogé plus de 45 fois. Des voix se sont levées à plusieurs reprises au niveau des provinces impliquées ou à Kinshasa, pour demander au Chef de l’Etat de mettre un terme à cette mesure.
Les travaux préparatoires de la table ronde d’évaluation avaient réuni au mois de juin dernier, les présidents des assemblées provinciales et leurs adjoints, les gouverneurs civils remplacés par les militaires, les dirigeants de la FEC, les dirigeants de la société civile et autres.
Du 14 au 16 aout, les même participants ont réfléchi sur les forces, les faiblesses, et les autres contours de l'état de siège en vue d'éclairer et d'orienter la décision du président de la République sur son maintien, sa requalification ou sa levée pure et simple.
Mme Mubuya dresse un bilan sombre de la sécurité malgré la mise en œuvre de cette mesure.
« Malheureusement sur terrain nous voyons le contraire : une hausse du taux de criminalité dans la ville de Goma et ses territoires, l’ occupation des territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi par le M23 et presqu’à la porte de ville de Goma, l’accroissement des tracasseries par les hommes en uniforme et armés, la régression des actions de développement dans la province, les déplacements massifs des populations en dehors du pays, à l’ intérieur du pays, vers les familles d’ accueil et sites des déplacés, la hausse du taux des violences faites aux femmes et aux enfants en période de conflit, la chute de la situation économique de la province. Sur le plan éducatif, nombreux enfants des territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi n’ ont pas fini l’ année scolaire 2022-2023 », énumère-t-elle.
Et de conclure, « c’ est pourquoi, il est très nécessaire de lever l’état de siège parce que la situation sécuritaire s’est détériorée comparativement à la période avant l’état de siège ».
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Prisca Lokale