RDC : « 75% des femmes et 60% des hommes estiment que la violence domestique est justifiée », Victoria Kwakwa lors de la conférence Internationale sur les VBG 

Photo/ Droits tiers
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La Vice-Présidente pour l’Afrique de l'Est et du Sud auprès de la Banque Mondiale, a pris la parole le 19 juin, à l’occasion de la conférence Internationale sur les violences basées sur le genre en République Démocratique du Congo. Victoria Kwakwa a relevé les défis qui entourent la lutte contre ce fléau, elle est revenue sur les efforts mis en place avec le gouvernement congolais, avant d’encourager d’autres acteurs à s’engager.  


« Nous savons tous que ce fléau est un problème pour le développement mondial. L'OMS estime que 36,6 % des femmes d'Afrique subsaharienne en font la malheureuse expérience au cours de leurs vies. En RDC, les femmes connaissent des taux élevés de violence, la moitié d'entre elles ayant subi des violences physiques avant l'âge de 15 ans et près d'un tiers déclarent avoir subi des violences sexuelles au cours de leur existence. Et pour ces femmes, l'auteur est le plus souvent le mari ou le partenaire. Ce que nous savons également, c'est que les violences basées sur le genre sont souvent motivées par des normes sociales néfastes et rétrogrades. En RDC, 75% des femmes et 60% des hommes estiment que la violence domestique est justifiée », souligne-t-elle. 


La conférence Internationale sur les violences basées sur le genre, organisée pour la première fois en République Démocratique du Congo, est un événement  réunissant divers acteurs internationaux, régionaux et nationaux pour réfléchir autour des moyens de renforcer la coordination et les mesures visant à améliorer la prévention et la réparation de ces violences.


Au vu des chiffres soulevés, Victoria Kwakwa estime que « si ensemble nous ne relevons pas ce défi, nous mettrons à risque les priorités du développement en termes de création d'emplois, de transformation économique, de développement du capital humain, d'accès aux services de base, et de capitalisation de la transition démographique ».


Elle a également précisé la finalité de cette rencontre de 48 heures à Kinshasa. A savoir, élargir la gamme d'acteurs, de compétences, et d'idées pour aborder la complexité, l'interconnexion, et l’ampleur des violences basées sur le genre en RDC - en invitant de nouveaux acteurs à s'engager, et en portant les efforts à un niveau plus élevé. La conférence offre aussi l'occasion, pour la RDC, de présenter les résultats des interventions en cours et de tirer des enseignements des programmes similaires en Afrique et dans le monde.


107 opérations dans la région et 100 millions de dollars investis dans la lutte en RDC


Par ailleurs, la Vice-Présidente pour l’Afrique de l'Est et du Sud auprès de la Banque Mondiale renseigne que depuis 2017, cent sept (107) opérations dans la région ont inclus des interventions visant à lutter contre les VBG par le biais de projets ou de composantes opérationnelles dédiées.

En RDC notamment, la Banque mondiale a récemment investi, avec ses partenaires gouvernementaux, cent (100) millions de dollars dans un projet de prévention et de réponse aux VBG. Plus de sept millions de bénéficiaires ont été atteints dans quatre provinces de l'Est, soit 80 % de la population des zones ciblées, plus de 42 000 survivants ont reçu des soins, la majorité des services - plus de 80 % - étant fournis au niveau de la communauté. Deux cent quatre-vingts (280) prestataires de soins de santé ont été formés en matière de violences basées sur le genre.


Dans la région de l'Afrique de l'Est et du Sud, la Banque mondiale soutiendra également des composantes spécifiques de prévention et de réponse dans le cadre du Programme en cours de préparation East Africa Girls' Empowerment and Resilience Project, pour un montant de 392 millions de dollars.

Prisca Lokale