Après les accords de Washington, Tshisekedi consulte Denis Sassou Nguesso sur la crise dans l’Est de la RDC

AFP  Le président Denis Sassou Nguesso, le 21 mars 2021 à Brazzaville, lors du scrutin pour la présidentielle qu'il a remporté.

Au lendemain de l’entérinement des accords de Washington entre Kinshasa et Kigali, en présence du président des États-Unis, Donald Trump, et dans un contexte sécuritaire marqué par de violents combats opposant la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, aux forces gouvernementales — combats ayant conduit à l’occupation de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu — le chef de l’État, Félix Tshisekedi, multiplie les contacts avec ses homologues de la région des Grands Lacs.

C’est dans ce cadre qu’après une étape en Angola, il a dépêché à Brazzaville son émissaire et ambassadeur itinérant, Antoine Ghonda Mangalibi, auprès de son homologue congolais Denis Sassou Nguesso. Porteur d’un message du président Félix Tshisekedi, Antoine Ghonda Mangalibi a indiqué qu’il était nécessaire d’informer Denis Sassou Nguesso, en sa qualité de doyen de la région, des dernières évolutions de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, à la suite des accords de Washington.

« Nous avons rencontré Son Excellence Monsieur le Président de la République pour lui faire un état des lieux de la situation dans la région des Grands Lacs, et en particulier sur les accords signés à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Il était important que Son Excellence Denis Sassou Nguesso, en sa qualité de doyen, puisse comprendre la situation, donner des orientations et, certainement, des conseils pour le suivi »,

a déclaré samedi 20 décembre 2025 l’ambassadeur itinérant Antoine Ghonda Mangalibi, à l’issue de l’entretien.

Et de poursuivre :

« Vous n’êtes pas sans ignorer qu’immédiatement après la signature de ces accords à Washington, la rébellion de l’AFC/M23 a repris les hostilités avec le soutien du Rwanda. Il était donc important d’exprimer notre indignation au président Denis Sassou Nguesso, afin qu’il puisse nous donner des conseils et des orientations à transmettre au chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui nous a mandatés. »

La ville d’Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant ainsi son influence dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie vers l’espace du Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.

À la suite de pressions exercées par la communauté internationale, plusieurs pays — en particulier les États-Unis d’Amérique — ont dénoncé l’attitude de la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda. Pour Washington, Kigali n’a pas respecté ses engagements. C’est dans ce contexte que l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a annoncé le retrait unilatéral de ses forces de la ville d’Uvira, afin de se conformer à la demande de l’un des médiateurs de la crise dans la région des Grands Lacs, à savoir les États-Unis d’Amérique.

De son côté, le gouvernement de la République démocratique du Congo, tout comme les Forces armées, doutent de l’effectivité de cette annonce. Pour Kinshasa, il s’agit d’une stratégie de Kigali et de ses alliés visant à faire baisser la pression internationale, en particulier celle des États-Unis. Lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité, Washington a insisté sur la nécessité pour l’AFC/M23 de se retirer à au moins 75 kilomètres de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu.

Alors que ces accords étaient censés consolider le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la crise sécuritaire actuelle. Cette détérioration de la situation dans l’Est de la RDC a entraîné un nombre important de déplacés congolais vers le Burundi, aggravant davantage la situation humanitaire dans la région.


 

Clément Muamba