GIEC : " J'ai bon espoir que mon souci de satisfaire les besoins des décideurs politiques et économiques du monde entier à propos du changement climatique soit récompensé par le vote de la RDC " (Jean-Pascal Van Ypersele)

Jean-Pascal Van Ypersele
Jean-Pascal Van Ypersele

Le climatologue et professeur à l'UC Louvain Jean-Pascal Van Ypersele figure parmi les candidats pour briguer la présidence du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). À quelques mois des élections prévues au mois de juillet de l'année en cours, le candidat du gouvernement belge a séjourné à Kinshasa, capitale de la RDC afin de présenter son programme et espérer obtenir la voix du pays.

Au cours d'une interview accordée à ACTUALITE.CD, mardi 23 mai 2023, au siège de l'ambassade de Belgique en RDC, ce climatologue est revenu sur les enjeux de sa présidence axés autour de deux aspects à savoir : l’inclusivité et la collaboration internationales.

Il attend faire du GIEC une organisation avec la plus grande diversité en mettant en exergue des femmes, des jeunes auteurs et des scientifiques originaires des États en voie de développement.

« Ayant été Vice-président du GIEC de 2008 à 2015 et ayant travaillé au GIEC pendant près de 30 ans, je voudrais mettre à la disposition de la communauté internationale cette longue expérience en devenant président du GIEC et pour être président du GIEC, il faut être élu. C'est une élection où chaque pays a une voix donc la RDC a une voix importante que j'essaie d'obtenir en convainquant les autorités de la pertinence de mon programme électoral qui consiste à ce que le GIEC soit la voix du climat, la voix la plus éloquente, la plus forte possible pour le climat et la science du climat », a-t-il fait savoir au cours de l'entretien avant de son départ de Kinshasa.

Et de poursuivre :

« Il (programme) consiste aussi à fournir la meilleure connexion possible entre les besoins des décideurs politiques, économiques, de la société civile et ce que peut fournir en termes d'informations la littérature scientifique. Le troisième élément ou axe de mon programme, je voudrais faire le point numéro un et numéro 2, être la voix du climat et avoir la meilleure connexion possible entre sciences et besoins des décideurs de la manière la plus inclusive possible, qui a jamais eu au sein du GIEC, l'inclusivité voulait dire par exemple une participation forte des auteurs scientifiques des pays en développement, une participation grande de femmes et de jeunes et une attention particulière à d'autres langues que l'anglais et le Français ».

À la question de savoir comment son programme a été accueilli par les autorités de Kinshasa, Jean-Pascal Van Ypersele s'est montré optimiste quant à sa démarche auprès des autorités congolaises.

« J'ai ressenti un accueil très positif, très chaleureux avec une attention particulière pour mon souhait d'être le plus inclusif possible, d'augmenter la participation des scientifiques des pays en développement, d'accorder une attention nouvelle au français dans le travail du GIEC et j'ai bon espoir que mon soucis de satisfaire les besoins des décideurs politiques et économiques du monde entier à propos du changement climatique soit récompensé par le vote de la RDC lors de l'élection en juillet », espère-t-il.  

Kinshasa et d'autres pays ont toujours accusé les pays développés de ne pas respecter leurs engagements en termes de compensations en ce qui concerne la protection de l'environnement. Jean-Pascal Van Ypersele attend également porter haut cette question afin d'aider ces différents pays de rentrer leurs droits

« Tout à fait d'une certaine manière quand je dis que le GIEC doit être la voix du climat, la voix de la science du climat, c'est la voix en fait de tout ce qui concerne le changement climatique aussi bien que le diagnostic et les projections du climat futur avec les impacts potentiellement associés mais c'est aussi les éléments de solution qui existent que ça soit dans le domaine de l'adaptation à la partie de changement climatique », a-t-il indiqué.

Et d'ajouter :

« Que ça soit du côté de la prévention par soit la diminution des émissions de gaz à effet dessert par une diminution de l'utilisation des combustibles fossiles où une plus grande efficacité énergétique ou que ce soit par une plus grande capacité d'absorption principalement du CO2 qui est le principal gaz à effet dessert d'origine humaine qui pose problème et on sait que cette absorption se fait majoritairement par les écosystèmes et par l'océan et parmi ces écosystèmes les forêts tropicales en particulier celles du bassin du Congo ont un rôle très important dans ce cadre-là, de même que les tourbières présentes ici en RDC jouent un rôle très important ».

En cas de son élection, ça serait la première fois depuis 2002 renseigne la presse belge, date du départ du Britannique Robert Watson, qu’un président du GIEC serait européen. Face à Jean-Pascal van Ypersele, deux candidats sont également en lice notamment Jim Skea, un physicien britannique et Debra Roberts, une biogéographe sud-africaine.

Selon la presse belge toujours, tous deux sont actuellement vice-présidents d’un des trois Groupes de travail du GIEC. Une concurrence solide et compétente, qui n’est cependant pas pour faire peur au climatologue, déjà candidat en 2005, alors défait par Hoesung Lee (actuel président du GIEC).

Le GIEC est un organisme intergouvernemental chargé d'évaluer l'ampleur, les causes et les conséquences du changement climatique en cours. Créé en 1988 sous l'égide de l'Organisation météorologique mondiale et du programme des Nations unies pour l'environnement à la suite d'une initiative politique internationale, le GIEC est ouvert à tous les pays membres de l'Organisation des Nations unies. En 2021, il regroupe 195 États.

Les évaluations du GIEC sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques. Elles sont publiées sous la forme de rapports synthétiques ou dédiés à un aspect particulier du changement climatique.

Clément MUAMBA