L’épouse d’Emmanuel Ramazani Shadary a affirmé que le secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) avait été arrêté à l’aube par une quarantaine d’hommes armés, dont des éléments de la Garde républicaine et des agents en civil, lors d’une opération menée à leur domicile à Kinshasa.
Selon Wivine Paipo Ngweli, ancienne députée du PPRD, l’arrestation est intervenue vers 3h40 du matin. « Ils étaient environ quarante, avec six jeeps et un bus de couleur blanche », a-t-elle déclaré dans un audio parvenu à la rédaction de ACTUALITE.CD, ajoutant que les hommes armés avaient d’abord fait irruption dans la chambre de leur fils, « une arme braquée sur lui », pour lui demander d’indiquer où se trouvait son père.
Les agents se seraient ensuite rendus dans la chambre d’Emmanuel Ramazani Shadary, avant de l’interpeller. « Ils ont arrêté mon mari. Ils ont aussi pris la bonne, trois policiers et un de ses chauffeurs », a-t-elle affirmé, précisant que les forces présentes avaient indiqué qu’ils « ramèneraient » son mari à la maison.
Selon son épouse, les agents ne disposaient « d’aucun papier, même pas une convocation », et n’ont pas précisé la destination vers laquelle Emmanuel Ramazani Shadary était emmené. Elle a indiqué avoir voulu l’accompagner en apportant ses médicaments, expliquant que son mari est souffrant, mais que les agents s’y seraient opposés.
« Jusqu’à 10h du matin, je ne sais pas où se trouve mon mari », a poursuivi Wivine Paipo Ngweli, disant vouloir se rendre « partout, à l’ex-Demiap, à la présidence, à l’ANR », pour obtenir des informations sur son lieu de détention. « C’est un opposant, un politicien non armé. Il était ici. Il est interdit de sortir du pays et a décidé de rester dans son pays », a-t-elle ajouté.
L’arrestation d’Emmanuel Ramazani Shadary intervient dans un contexte politique tendu, quelques jours après la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila par la Haute Cour militaire. Dans une récente interview, le secrétaire permanent du PPRD avait critiqué ce procès, qu’il jugeait inopportun et susceptible, selon lui, de « diviser davantage les Congolais », accusant le pouvoir de détourner l’attention des problèmes sécuritaires et politiques du pays.
En mars dernier, Emmanuel Ramazani Shadary et Aubin Minaku, vice-président du PPRD, avaient été interdits de quitter le territoire national dans le cadre d’enquêtes menées par la justice militaire, les autorités évoquant alors des soupçons de complicité avec la rébellion de l’AFC/M23.