Dans son article 130, le code du travail reconnaît à la salariée seulement 2/3 de sa rémunération pendant la période qui couvre le congé de maternité, soit 14 semaines consécutives. Au niveau de l’Assemblée Nationale, une proposition d’amendement a été introduite pour modifier cet extrait de la loi et assurer plutôt l’intégralité de ses revenus à la femme. Dans les rues de Kinshasa, Actualité.cd a recueilli les avis des kinoises.
« L’accouchement fait naître beaucoup d’autres besoins. Acheter des serviettes, nettoyer le linge, penser à l’alimentation de la mère ou du nouveau-né (…), sans compter les complications qui surviennent souvent après l’accouchement. Donner à l’employée l’entièreté de son salaire va lui permettre de prendre soin d’elle, de son bébé et de sa famille aussi. Je crois que c’est important, cette proposition devrait être adoptée au niveau du parlement », précise Anasthasie Ngandi, septuagénaire, autrefois pasteure dans une église à Kisangani.
Abondant dans le même sens, Bola Sandrine, pompiste dans une station d’essence sur la place Victoire, souligne que « la maternité n’est pas une preuve d’incompétence pour l’employée et ne devrait nullement servir d’entrave à ses avantages ».
Elle propose « d’adopter cette modification pour permettre aux femmes de se sentir autant utiles pour la société congolaise que pour elle-même, ainsi elles pourront s’épanouir professionnellement ».
Le Code précise dans l’alinéa 2 du même article, que pendant cette période, que l’enfant vive ou non, la femme salariée a droit au maintien des avantages contractuels en nature. Educatrice maternelle dans une école de la commune de Kinshasa, Laetitia Makanda révèle le caractère obligatoire du maintien des avantages si la modification est adoptée.
« Je crois que cette modification de la loi va accorder la sécurité à l’employée. Mettre au monde implique des dépenses inattendues, notamment le fait de pouvoir se choisir un établissement hospitalier qui offre des soins de qualité et payer les coûts nécessaires pour un accouchement sans grands risques. (…) il y a des employés qui donnent la totalité du salaire juste par bonne volonté. Mais si la loi mentionne clairement cette modification, ce sera une obligation légale. J’ai travaillé pour une autre école dans la commune de Bumbu avant d’être ici. Durant mon congé de maternité, j’ai bénéficié de la totalité de mon salaire. Seuls le transport et autres avantages avaient été retirés », a confié Mme Makanda.
Si la proposition du député Eric Tshikuma est soutenue intégralement par les avis précédents, Plamedi Ngomba, couturière et responsable d’un atelier à Lingwala estime qu’il faudrait assurer plutôt 75% du salaire à l’employée pour permettre à l’entreprise de couvrir le manque à gagner avec les 25% restants.
« Il est vrai que la femme enceinte se trouve dans un moment de faiblesse, elle accomplit son rôle social et mérite d’être rémunérée pendant son congé de maternité. Cependant, je voudrais proposer que les 1/3 restants soient divisés en deux parties. L’une des parties va revenir à l’entreprise pour sa survie tandis que la femme va bénéficier de 75% de son salaire. Le congé ne dure que 14 semaines et pas une année pour que l’impact pèse énormément sur l’entreprise », a-t-elle affirmé.
Il faut noter que la proposition d’amendement de cet article de la loi n’a pas encore été débattue au niveau de l’Assemblée nationale.
RDC : que dit le code du travail au sujet de la maternité ?
Prisca Lokale