Le 05 avril, 30 femmes bénéficiaires du projet To Sungana, mis en œuvre par la Fondation Panzi via la Clinique Panzi se sont réunis au cours d'un évènement qui a eu lieu à Kinshasa.
« L’idée était de donner la parole à ces femmes fortes, ces femmes paupérisées qui ont vécu les pires supplices, ces femmes que nous appelons des héroïnes et de qui nous avons toutes et tous tant à apprendre », explique Maud-Salomé EKILA, Chargée de communication du Dr Mukwege et Coordinatrice de la Clinique Panzi Kinshasa.
Pendant plus d’une heure, Mado, Agnès ou Sandra, des anciennes « phaseuses » (personnes qui ont élu domicile dans la rue pour multiples raisons, ndlr) ont témoigné de leur vécu. Le passage douloureux dans la rue, la précarité, les violences physiques et psychologique parfois infligées par leurs époux ou le viol de leurs enfants par des "bandits" ou des membres de leurs familles, elles ont brisé le silence devant l’assemblée pour faire comprendre leur réalité.
De ces témoignages ressort le manque de moyens pour porter plainte, pour se reconstruire et lancer un business afin d'être autonome financièrement et s’occuper de leur famille.
Le projet To Sungana de la Clinique Panzi de Kinshasa propose également le volet de réinsertion socio-économique. Ces femmes ont été intégrées dans ledit programme. Dans les rues de Kinshasa, elles ont commencé une activité dans des groupes d’intérêts économiques organisés en communautés professionnelles.
Certaines ont pu également recevoir des soins médicaux, une assistance psychologique et des avocats pour obtenir justice. L’accès à cette prise en charge est totalement gratuit grâce au financement d’Affaires Mondiales Canada, partenaire de la Fondation Panzi depuis des années.
Devant la Conseillère Spéciale du Président, Madame Chantal Mulop, les femmes ont pu élever leurs voix en faveur de celles qui n’ont pas encore eu la chance d’intégrer ce programme de soutien.
« Kinshasa, c’est plus de 12 millions d’habitants. C’est comme un pays entier et les cas de violences enregistrés sur les femmes y sont plus élevés que dans toutes les autres provinces du pays. Assez c’est assez ! »,a lancé Chantal Yelu Mulop aux participantes.
Et de continuer, « en tant que conseillère spéciale du Président, j’ai l’œil, l’écoute et je dois travailler sur sa stratégie, mais cela ne m’empêche pas de pouvoir parler, de pouvoir vous recevoir. J’ai besoin de vous avoir à mes côtés. Que toutes ensemble nous soyons solidaires ».
L’évènement s’est clôturé par la remise de 30 sacs cadeaux offerts par la Rawbank, contenant du matériel pour commencer leurs activités ainsi que des pagnes et l’organisation d’ouverture gratuite de comptes en banque pour les groupes d’intérêts économiques initiés par le projet.
« On se permet toujours de parler à la place des victimes, de parler à la place de celles qui ont vécu l’horreur dans leur chair, c’est irrespectueux ! Elles savent ce dont elles ont besoin pour se relever et elles sont les mieux placées pour parler, s’exprimer et défendre leurs causes avec justesse. Paroles aux femmes, c’était un véritable hommage et en les écoutant, nous mesurons comment le Congo est composé de citoyennes fortes qui ne méritent pas d’être asservies par le poids et la conséquence des sociétés patriarcales. Ce combat pour le respect des droits des femmes, c’est un combat que nous devons mener tous ensemble », a souligné Maud-Salomé Ekila.
Pour rappel, la Clinique Panzi de Kinshasa prend en charge gratuitement les victimes de violences sexuelles et autres violences basées sur le genre ainsi que les cas de fistules et prolapsus. Les victimes peuvent téléphoner gratuitement au numéro vert 0900 33 11 11 ou se rendre directement à la Clinique Panzi Kinshasa, située à la Place Commerciale de Ma Campagne dans la commune de Ngaliema, (Référence, Station Ma Campagne).
Prisca Lokale