RDC: quelles incidences les réseaux sociaux ont-ils sur les relations amoureuses?

Photo/ Droits tiers
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Le 14 février, c'est la fête des amoureux. A l’ère du numérique, l'on pourrait s'interroger sur l'impact de la technologie sur les relations de couples en Afrique et plus spécifiquement en RDC. Le desk femme d'Actualité.cd est allé recueillir l'avis des Kinoises à ce sujet.


« Pour moi, l’amour, le vrai ça existe encore. Les réseaux sociaux renforcent l’amour dans le sens où ils permettent aux amoureux de communiquer incessamment et cela renforce les liens », constate Annette Tuzolana, qui fait ses premiers pas dans l’entrepreneuriat. 


La distance ne dure qu’un instant 


Assistante de direction auprès d’une organisation des jeunes, Stéphanie Kambale pense que les réseaux permettent aux couples de maintenir la flamme de l’amour allumée même lorsqu’ils sont séparés par le travail ou les études.

« Vous savez qu’aujourd’hui les gens trouvent leur épanouissement et surtout l'indépendance financière à travers le travail. Les opportunités d’affaires sont nombreuses et les missions de service ou encore les mutations sont devenues plus courantes. Au-delà du travail, les études obligent aussi ces déplacements. (…) Dans ces cadres, les relations perdurent lorsque les personnes amoureuses gardent un contact permanent peu importe le décalage horaire. Il suffit d’un appel vocal ou vidéo ou encore, d’une discussion constante dans un chat pour que la flamme reste allumée » , explique-t-elle. 


Abondant dans le même sens, Trecie Mwatayamvu Kapinga, étudiante en troisième année de graduat à l’Université pédagogique nationale  soulève les options de partage qu’offrent les réseaux. « Le numérique offre plusieurs possibilités de converser aux amoureux. Réaliser des vidéos, s’échanger des photos, donner sa position, envoyer des messages ». 

Nos parents ont vécu un amour que je qualifierai de "dictateur gentil"


Cynthia Wabatinga compare les différentes manières d'aimer et revient sur l'apport des cultures venues d'ailleurs.


« L'amour en Afrique est vraiment influencé par les cultures extérieures. Beaucoup d'éléments ont été intégrés dans notre façon d'aimer. Aller dans un restaurant, s'offrir des fleurs à la Saint Valentin, (...) ce sont des choses que nos parents n'ont presque pas vécues. Mais je les trouve aussi positif parce qu'il y a des habitudes qui permettent aux couples de mieux se connaître, de s'ouvrir à l'autre, de se faire plaisir mutuellement. Je préfère l'amour à l'époque actuelle parce que je trouve que la parole se libère du côté de la femme. Nos parents ont vécu un amour que je qualifierai de "dictateur gentil". Nos mères étaient en couple avec nos pères. Mais elles n'avaient pas cette liberté de donner leurs points de vue. Les cadeaux existaient mais nos mères n'avaient pas le droit par exemple de s'exprimer sur les cas d'infidélité de leurs époux. Je trouve que cela n'était pas correct. Je préfère notre époque parce que la femme est  valorisée, elle est libre de donner ses avis et prendre ses décisions ». 


« Imposer des limites » ou « garder son originalité » 


Il n’y a pas que des bonnes choses qui arrivent aux couples grâce aux nouvelles technologies, soulignent les jeunes femmes interrogées. Elles ont décrit les vices dérivés de l'utilisation du numérique et proposent des solutions pour se libérer. 


« Lorsqu’on glisse dans le « m’as-tu vu » c’est-à-dire couple goals, tout ce qui concerne votre amour vous le publiez sur les réseaux sociaux, sachez également que tout le monde peut commenter, partager son avis sur la relation, créer des choses qui peuvent même fragiliser votre relation. Certains pensent que si leur partenaire les affiche sur les réseaux sociaux, c’est une preuve d'amour. Rien à avoir ! Nos parents ont vécu le vrai amour pendant qu’il n’y avait même pas d’internet. Ce qui signifie que l’on peut vivre réellement l’amour sans associer les réseaux sociaux parce qu’une relation amoureuse est fondée sur l'existence d'un sentiment amoureux que l’on partage », estime Annette Tuzolana.  


« La relation garde son originalité si et seulement les deux amoureux gardent leurs objectifs de départ. Les réseaux sociaux sont bons pour des couples conscients de leur engagement et de leurs limites. Ils deviennent un réel danger lorsqu'au fil des années les utilisateurs en font un moyen de mensonge, d'hypocrisie et surtout de tromperie. Il y a aujourd’hui des hommes en  relation avec plusieurs femmes et ce dans plusieurs pays du monde, de même pour les femmes »,  renseigne Rose Kabadi, qui preste pour call-center.

Prisca Lokale