Programme présidentiel de 145 territoires: une école de six salles de classe surfacturée à 400 000 USD au lieu de 130 000 USD coût initial, au total les marchés font perdre au pays 334,4 millions USD (Rapport)

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi en train de poser la première pierre dans le cadre de la construction du poste HT de Kinsuka

Le centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL), a rendu public ce jeudi 26 janvier son rapport à mi-parcours du monitoring de la mise en œuvre du programme de développement des 145 territoires par le gouvernement. Un programme ambitieux mis en place par le Président de la République Félix Tshisekedi à hauteur de 1,66 milliard USD. 

Mais selon le rapport, le programme est déjà mal parti car favorise le détournement des deniers publics. Le CREFDL épingle notamment la construction de 6 salles de classes initialement évaluée à 130.000 USD, mais dans l'exécution l'État débourse 400.000 USD.

“Après analyse des données, CREFDL relève que la construction de certaines écoles de 6 salles coûte jusqu'à 400 000 dollars USD, alors que le montant initial fixé par la nomenclature budgétaire est de 130 000 USD, soit 320%. Par exemple, la construction de l'Ecole Primaire Damas d'une capacité de 6 salles de classe, située dans le territoire d'Aru, province de l'Ituri coûte 455.559,12 dollars USD, alors que le montant initial fixé par la nomenclature budgétaire est de 130 000 USD”, relève le rapport. 

D’autres projets également tels que “des bâtiments administratifs et des centres de santé connaissent aussi le même sort”. La surfacturation des marchés fait perdre au pays au total plus de 300 millions USD dans le cadre du programme de développement des 145 territoires.

“On note aussi l'attribution aux entreprises des écoles, qui n'existent pas. C'est le cas des écoles, situées dans le territoire de Nyiragongo, groupement de Kibumba. Les travaux ont été confiés à l'entreprise CONSPER SARL pour un montant de 897 108 dollars américains. Ainsi, le total des marchés surfacturés à la première phase pourraient faire perdre à l'Etat 334.4 millions USD”, déplore le rapport.

La passation des marchés publics effectués dans le cadre du PDL-145T ne respecte pas le principe de la transparence gage de la bonne utilisation des deniers publics, note le CREFDL. 

“Les cellules des projets et des marchés publics des ministères sectoriels habilitées (Santé, enseignement et travaux publics) à passer la commande publique ont été mises de côté en faveur des entités ad hoc sans compétences et d'autres déjà dissoutes, après les réformes intervenues en 2010”.

Ce rapport d'enquête est intitulé “PDL-145T, entre développement et course à l'enrichissement illicite”. Il a pour mission de dresser un état des lieux de la mise en œuvre du programme de développement local des 145 territoires, lancé le 30 septembre 2022 par le Gouvernement de la République démocratique du Congo, pour une durée de six (6) mois.

Ivan Kasongo