Pertes humaines et matérielles suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues cette semaine à Kinshasa, annonce de la candidature de Moïse Katumbi à la présidentielle de 2023, sommet Etats Unies-Afrique, la semaine qui s'achève a été riche au niveau de l'actualité. Myriam Dako passe en revue chacun de ces faits marquants.
Bonjour Madame Myriam Dako. Pouvez-vous nous parler de vos activités ?
Myriam Dako: Je suis juriste de formation. J'ai terminé mes études en 2010 à l'université de Kinshasa (UNIKIN). J'ai travaillé en tant que coordonnatrice de la clinique juridique de la Ligue de la Zone Afrique pour la défense des Droits des Enfants et Élèves ( ONG LIZADEEL) pendant 5 ans. Je supervise actuellement le secteur de la violence sexuelle et basée sur le genre (VSBG) dans une organisation apolitique.
Des pluies diluviennes ont occasionné à Kinshasa la mort d'au moins 120 personnes selon le gouvernement. Celui-ci a décrété trois jours de deuil national et activé les travaux de réhabilitation de la RN1. Quelle a été votre réaction face à ce drame dans la capitale?
Myriam Dako: Tout d'abord, je présente mes condoléances les plus attristées aux familles des victimes et à tout le peuple congolais car nous sommes une Nation unie et indivisible. C'est avec beaucoup de peine que j'ai appris cette nouvelle. La RDC n'a jamais atteint un record aussi important de dégâts matériels et de pertes en vies humaines suite à des fortes pluies. C'est un drame qui nous a vraiment affectés en tant que population.
Le gouvernement a promis de prendre en charge l'enterrement des disparus ainsi que la démolition de certaines constructions anarchiques. Ces dispositions peuvent-elles constituer une garantie de non répétition du drame ?
Myriam Dako: Il est vrai que l'engagement de l'Etat congolais à prendre en charge les frais funéraires est un allègement pour les familles touchées. Mais cela n'est pas suffisant. Il faut que des mesures soient prises pour anticiper ce genre de catastrophes. La République Démocratique du Congo doit pouvoir travailler sur la mise en place d'une nouvelle politique d'urbanisation pour résoudre définitivement ce problème d'inondations.
En politique, Moise Katumbi a quitté l'Union sacrée, la coalition au pouvoir. Il annonce également qu'il va se représenter à la présidentielle de 2023. Quel est votre avis sur sa décision ?
Myriam Dako: la Constitution de la RDC dispose que tout congolais d'au moins 30 ans a le droit de se présenter en tant que candidat aux élections présidentielles. Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance.
L'opération d'enrôlement des électeurs commence la semaine prochaine. La CENI a disponibilisé une application de pré-enregistrement et mobilise la population à une participation massive. Comment vous préparez-vous à ce sujet ?
Myriam Dako: participer aux élections, élire les futurs dirigeants du pays est un devoir pour chaque citoyen. Nous sommes à quelques semaines de l'année 2023 qui représente pour la RDC, les troisièmes échéances électorales. J'espère que l'outil mis en place par la CENI pour faciliter l'opération d'enrôlement va exactement répondre à cet objectif. Je me prépare en conséquence. Je voudrais aussi lancer un message au peuple congolais. Lors des échéances précédentes, nous avons élu de nombreux députés. Pour les élections qui arrivent, soyons très réalistes envers tous ceux qui ne se sont pas distingués par des actions concrètes. Notre situation sociale devrait nous interpeller.
Une baisse de 12% a été observée dans le dépôt des rapports de vacances des députés (273/500). La commission évoque « la démotivation à rédiger des rapports dont les recommandations ne sont pas suivies par l'exécutif central ou provincial ». Quelles seront vos recommandations à ce propos?
Myriam Dako : je pense que les élus nationaux doivent répondre à ce devoir. Les vacances leur permettent de rentrer en contact avec la population, palper les réalités de terrain et les soumettre au parlement, peu importe les raisons qu'ils peuvent avancer pour ne pas déposer ces rapports. À l'exécutif central et même provincial, de capitaliser les recommandations des députés. Ils portent la voix de la population et doivent rendre compte de cette responsabilité.
La proposition de loi relative à la protection et à la responsabilité du défenseur des droits de l'homme a été adoptée le 13 décembre. En tant que personne œuvrant dans ce secteur, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Myriam Dako: excellente nouvelle ! L'adoption de la Loi portant protection et responsabilité du défenseur des droits de l'homme est un pas significatif dans le quotidien des activistes congolais œuvrant dans ce secteur. J'en suis heureuse. Cependant, au-delà d'adopter, voter, promulguer les lois, la RDC devrait surtout vulgariser et appliquer ces résolutions.
En santé, deux propositions de loi ont été déposées à l'Assemblée Nationale. Une réglementant l'exercice de la médecine traditionnelle en RDC, l'autre portant prévention et protection des personnes drépanocytaires. A quel degré ces propositions sont-elles pertinentes selon vous ?
Myriam Dako: je pense que le secteur de la médecine traditionnelle mérite d'être réglementé. Il y a des abus et des charlatans qui se multiplient dans la médecine traditionnelle congolaise. La loi sera aussi utile pour faire la promotion des plantes Congolaises et autres bienfaits de ce secteur. Cela va aussi limiter le nombre d'abus. Il en est de même pour la drépanocytose
Un sommet sur l'Afrique s'est tenu à Washington. Le président Biden compte investir 55 milliards de dollars d'ici trois ans dans des domaines tels que le numérique, les infrastructures ou la transition énergétique. Les USA ont également fait des mises en garde contre l'influence croissante de la Chine et de la Russie en Afrique. Votre lecture de ces propositions?
Myriam Dako: ces investissements sur le sol africain ne sont pas une mauvaise chose en soi. Mais quel est le degré de bénéfice qu'en tirent les populations africaines ? Le continent est dépourvu de ses richesses, il est appauvri, et si les dirigeants africains n'en prennent pas conscience, cela ne pourra nullement changer.
Au niveau mondial, la seule équipe africaine (Maroc) de la Coupe du monde 2022 a été éliminée lors des rencontres en demi-finale. Dans l'ensemble, quel résumé faites vous de la participation de toutes les équipes africaines ?
Myriam Dako: je suis fière de l'équipe marocaine qui a représenté toute l'Afrique en demi- finale de la Coupe du monde. Le continent est fier de cette équipe. Cela est une preuve que le football africain est en pleine émergence. Dans les prochaines années, l'Afrique va remporter la Coupe du monde. Et pour y parvenir, il faut investir dans la formation de nos équipes.
Un dernier mot ?
Myriam Dako: merci beaucoup de nous avoir permis de porter la voix des Congolais aujourd'hui. Encore une fois, je partage la douleur de toutes les familles qui ont perdu tous leurs biens et membres suite aux pluies qui se sont abattues sur la ville. J'émets le vœu de ne plus voir ce drame se répéter.
Propos recueillis par Prisca Lokale