Après la signature, à Doha au Qatar, d'un communiqué conjoint entre la délégation congolaise et le M23-AFC pour la mise en place d'un cessez-le-feu définitif dans l'est de la RDC , Kinshasa a par ailleurs signé une déclaration des principes avec Kigali, à Washington, aux États-Unis, devant conduire à la fin du conflit entre les deux pays. L'opposition critique une démarche qui, selon elle, va profiter au Rwanda au détriment de la RDC.
C'est la position de la coalition LAMUKA, exprimée par son porte-parole Prince Epenge. Ce dernier s'oppose à toute cogestion des richesses congolaises. Alors que la déclaration des principes propose une intégration économique régionale, cet opposant pense que le Congo ne servira que d'un trou d'extraction des matières premières.
«L’histoire retiendra que pour survivre politiquement, Félix TSHILOMBO a accepté d’hypothéquer les minerais, les parcs, les lacs, les gaz, l’or et les terres du Congo, tout cela en 6 ans d’un pouvoir mal acquis. Accord et dialogue pour la paix, Oui, mais la cogestion du Congo, non. KAGAME obtient dans l’accord de Washington ce qu’il n’a pas pu obtenir par les armes au front. Toutes les sociétés américaines qui viendront, s’installeront au Rwanda où elles vont créer des emplois et la RDC sera un gros trou d’où l’on extraira les matières premières», a-t-il déclaré, tout en appelant le peuple Congolais à se lever contre cette initiative.
Pour Patrick Nkanga, membre du PPRD de Joseph Kabila, a salué, comme d'aucuns, les différents processus, mais s'est interrogé sans réponse si les ressources naturelles de la RDC constituent pour cette dernière la force ou la faiblesse, évoquant l'implication de la communauté internationale à l'Afghanistan, laquelle n'a pas pu bouter les talibans qui font la loi à Kaboul.
«Nos ressources naturelles sont notre force, mais également notre faiblesse ! Des Etats tels que la Lybie, l'Iraq et bien d'autres ont également fait les frais de leurs ressources naturelles, tout en demeurant jusqu'à ce jour des Etats instables. L'Afghanistan qui a bénéficié d'une importante implication de la communauté internationale n'a pas su résorber de manière pérenne la crise qui la gangrenait, jusqu'à ce qu'il soit appelé à faire face à sa propre réalité, avec le retour au pouvoir des Talibans», a-t-il écrit ce lundi.
Comme certains opposants, Patrick Nkanga souhaite la priorisation des dynamiques internes, auxquels il accorde prééminence sur les dynamiques engagées sur le plan international. Il insiste sur le pacte républicain interne qui, selon lui, doit reposer sur notamment le respect et l'application de la constitution et de la séparation des pouvoirs, la suprématie de la constitution sur tout citoyen ainsi que l'application intégrale de la décentralisation.
Dans un communiqué signé par Seth Kikuni et Claudel Lubaya, le cadre de concertation des forces politiques et sociales estime que le gouvernement congolais ne devrait en arriver là tant qu'il n'a pas encore répondu aux questions d'intérêt national. Cette structure composée des opposants et activistes de la société civile propose une approche holistique pour la résolution de la crise, intégrant les perspectives des initiatives régionales en cours( processus de Luanda, Nairobi , EAC-SADEC et Union africaine) et nationales, sont le pacte social de la CENCO-ECC.
Encouragée par le Qatar et la monusco, la déclaration des principes signée entre Kinshasa et Kigali sous les bons offices de l'administration Trump s’articule autour de six engagements majeurs : reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, prise en compte des préoccupations sécuritaires, promotion de l’intégration économique régionale, facilitation du retour des personnes déplacées, soutien à la MONUSCO, Élaboration d’un accord de paix.
Samyr LUKOMBO