RDC : cinq questions à Sylvie Elenge, la nouvelle Directrice Générale de la RTNC

Photo/ Droits tiers
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Dans une ordonnance lue le 15 novembre par la porte-parole du Chef de l’Etat, Sylvie Elenge Nyembo a été portée à la tête de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC). Comment compte-t-elle relever les défis qui l'attendent au sein de la chaîne nationale ? La nouvelle DG répond aux questions du Desk Femme.  

Bonjour Madame Sylvie Elenge. Vous avez été nommée à la tête de la chaîne de Télévision Nationale Congolaise (RTNC). Comment avez-vous accueilli cette nouvelle?


Sylvie Elenge : Une nomination à ce niveau-là suscite toujours un sentiment assez trouble. C’est vrai qu’il y a de la joie, mais immédiatement vous vous rendez compte des défis qui vous attendent dans une chaîne publique. Avec des représentations en provinces, en termes d’audience, de pouvoir (…), symboliquement ce média représente la nation congolaise. Ce sont ces responsabilités que j’ai vues tout de suite s’imposer à moi. Je me suis demandé si je serais à la hauteur de la confiance qui a été placée en ma personne. Beaucoup d’idées se sont bousculées dans ma tête au moment de la lecture de l’ordonnance jusqu’à m'arracher des larmes. Le rêve de mettre notre expertise en contribution pour faire avancer le pays a toujours été l’une des ambitions qui nous ont animées. Mais gérer une aussi grande entreprise, je peux dire humblement que je n’ai pas eu ce rêve. Je ne présageais pas cela bien que j’aie eu à occuper des postes de responsabilités et j’ai toujours respecté mes engagements.
 
Quels sont vos objectifs pour ce poste ?


Sylvie Elenge : le premier objectif est de remettre cette entreprise sur les rails. Je le dis parce que l’actualité récente de l’entreprise a démontré que celle-ci passe des moments auxquels il faut apporter une réelle attention et travailler en interne pour trouver des solutions. Il va donc falloir travailler avec les équipes en place pour se fixer des objectifs réalistes en tenant compte des moyens disponibles pour atteindre des résultats. Si au cours du mandat qui nous est accordé, nous parvenons à atteindre 60% de résultats, cela sera un grand exploit. La Télévision nationale a été la première à être mise en place avant que les autres organes ne naissent avec l’ouverture démocratique. Il faut donc partir d’un personnel compétent à qui il faut redonner la confiance et les outils pour faire fonctionner la RTNC à la hauteur de toutes les autres entreprises du portefeuille de l’Etat.
 
La RTNC est aujourd’hui confrontée à de nombreux problèmes. Une catégorie du personnel qui doit aller à la retraite, l'adaptation de la chaîne nationale aux NTIC, l'amélioration de la qualité des services proposés à la population... Au regard de tout ceci, quelle sera votre priorité ?


Sylvie Elenge : oui, ces points résument les informations actuelles sur l’entreprise. Un rajeunissement du personnel, une question de gestion de l’entreprise, de la re-visitation des programmes à la fois télévisés et radiophoniques. C’est comme une refondation qu’il nous est demandée de faire. Nous ne saurons le faire sans un personnel compétent. Il nous faut mobiliser des moyens bien-sûr, mais la priorité pour nous sera de commencer avec le personnel disponible, l’infrastructure et le matériel disponible. Nous allons travailler dans un premier temps à la qualité des services et au renforcement des capacités du personnel.  
 
Vous prenez les rênes de cette entreprise publique au moment où la RDC se prépare aux échéances électorales de 2023. Quels sont selon vous, les défis qui vous attendent sur cette question et comment comptez-vous les relever ?


Sylvie Elenge : un média public, c’est le média du peuple. L’un des défis sera de faire que la voix du peuple redevienne cette voix (slogan de la RTNC ndlr). C’est-à-dire que la RTNC doit rejouer son rôle de média au milieu du village. Cela passera par des débats télévisés, les émissions interactives qui feront en sorte que différents acteurs viennent faire passer leurs points de vue. Je pense que le CSAC nous sera d’un grand apport pour permettre de répartir les temps d’antennes pour les uns et les autres ainsi que nous donner la possibilité d’ouvrir cet espace à tout le monde. L’autre défi est de faire en sorte que l’information et la bonne information commencent par la RTNC. Que nous soyons ce média de référence durant la période électorale. Cela nous pousse à mettre les bouchées doubles. Il y a des mécanismes en interne qui sont prévus pour gérer certaines sensibilités. Mais on doit également savoir que la RTNC ne sera pas seule à gérer ces sensibilités. Je crois que le CSAC, au moment opportun, va établir des directives par rapport aux temps d’antennes et nous allons respecter la réglementation qui nous sera transmise.
 
 Un dernier mot ?


Sylvie Elenge :  je disais que la RTNC est représentée à travers le pays, il faut qu’elle soit également un cadre qui permette aux jeunes qui évoluent dans le métier de se mettre en contact avec le monde professionnel. Très tôt nous nous sommes engagées pour faire émerger la démocratie dans le pays, nous nous sommes battus aux côtés d’autres congolais, d’autres femmes. Je crois que cet engagement, cet élan à nous mettre au service des autres nous donnera suffisamment de cœur et de force à porter un regard compréhensif dans nos responsabilités. C'est un nouvel engagement qui s’ajoute à notre profil et je pense que toutes ces connaissances acquises dans notre parcours vont nous permettre d’exceller.


Chef des travaux à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC) et doctorante en sic, Sylvie Elenge Nyembo est une activiste de première heure. Elle est co-fondatrice de l’ONG ASADHO (Association africaine de défense des droits de l'homme) fondée en 1991. Elle est également Présidente du Mouvement des Initiatives Femme pour la Démocratie et le développement (MIFED CONGO), une structure qui soutient les activités socioéconomiques des femmes vulnérables.

Propos recueillis par Prisca Lokale