L'écart "continue de se creuser" entre les fonds alloués pour réduire l'exposition des pays en développement aux impacts du réchauffement climatique et les besoins réels, toujours plus importants, alerte l'ONU jeudi.
L'adaptation, c'est-à-dire les mesures pour réduire l'exposition et la vulnérabilité des pays et populations aux effets du changement climatique, est un point important de l'accord de Paris visant à limiter le réchauffement. Il concerne en particulier l'aide aux pays en développement, souvent les plus exposés.
Selon un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), les besoins annuels pour l'adaptation sont désormais estimés entre 160 et 340 milliards de dollars d'ici à 2030 et entre 315 et 565 milliards d'ici 2050. Ces sommes ont été révisées à la hausse par rapport à une précédente estimation publiée il y a un an.
Les risques climatiques "augmentent", souligne le PNUE, rappelant la sécheresse actuelle dans la corne de l'Afrique ou les inondations en Asie. Les auteurs souhaitent l'expression d'"une volonté politique forte" en faveur de l'adaptation lors de la COP27 qui s'ouvre le 6 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte.
"Les flux financiers internationaux pour l'adaptation aux changements climatiques dirigés vers les pays en développement sont 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés, et l'écart continue de se creuser", déplorent les Nations Unies.
Les pays riches ont depuis 2009 promis 100 milliards d'aide annuelle - non seulement pour l'adaptation mais aussi pour l'atténuation, c'est-à-dire la réduction des émissions, qui continue de capter la majorité des financements. Mais il manque encore environ 17 milliards de dollars sur ce total.
Pour la seule partie adaptation, les flux ont atteint 29 milliards de dollars en 2020, très loin donc des sommes souhaitables, selon les rapports des pays donateurs, soit une augmentation de 4% par rapport à 2019.
"Pour qu'on transforme les plans en actions concrètes nous avons besoin de financement et ce financement n'est pas là", a regretté la directrice du PNUE Inger Andersen lors d'une conférence en ligne. "Il y a un gouffre béant à combler", souligne-t-elle.
"L'adaptation peut sembler ne pas être la priorité du moment mais ça l'est pourtant" et le sujet sera "sur la table pendant des décennies", insiste la responsable.
Pour rattraper le retard de l'adaptation, la COP26 l'an dernier à Glasgow s'était traduite par un appel aux pays développés à doubler au moins les fonds alloués à cette cause d'ici 2025. "Une accélération significative est nécessaire" pour atteindre cet objectif, pointe le PNUE.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a jugé "inacceptable" que les "populations et les communautés les plus vulnérables paient le prix" du manque de financement.
Pour tenter de combler cette lacune, il a annoncé la création d'un nouvel outil destiné à accélérer le financement des projets d'adaptation, pour "débloquer" cette finance spécifique.
"Le modèle actuel pour fournir du soutien à l'adaptation est brisé", a commenté un haut responsable de l'ONU.
Ce nouvel "accélérateur de projets pour l’adaptation" vise à faire travailler ensemble finance privée et publique "autour des priorités identifiées par un pays", pour transformer ces "priorités en un plan d'investissement et un pipeline de projets susceptibles de rapporter de l'argent", a-t-il ajouté, précisant que l'expérimentation était en cours avec certains pays comme le Rwanda.
AFP avec ACTUALITE.CD