Pour réduire le taux des décès maternels dans le monde, des professionnels de santé recommandent notamment le respect des consultations prénatales (CPN). En RDC, des études menées ont démontré que les hommes n’assistent pas leurs épouses au cours de ces entretiens. Quelles en sont les causes ? Qu’en pensent les femmes ? Actualite.cd a recueilli des avis à Kinshasa.
Intitulée « Facteurs associés à la faible implication des partenaires masculins dans la CPN /PMTE », et disponible sur le site de l’école de santé publique, cette étude présente les facteurs qui réduisent les chances pour les hommes de s’impliquer aux rendez-vous prénatals de leurs épouses enceintes.
« Environ 7% des partenaires masculins en RDC, participaient à des activités de santé maternelle et infantile (SMI). Les obstacles pouvant expliquer la faible implication des partenaires masculins dans les activités de CPN/PTME (Protection de la Transmission du VIH de la Mère à l’enfant) sont tels que des normes de genre (les consultations prénatales sont le domaine des femmes, la grossesse est la responsabilité des femmes, les femmes ne peuvent pas demander à leur partenaire de les accompagner), le système de santé peu adapté (les attitudes négatives des sage-femmes, le manque de place, les horaires inadaptés), la peur du VIH, stigmatisation, discrimination, etc », peut-on lire dans cette étude.
Lire : Décès maternels en RDC : pourquoi est-il si important de suivre la CPN ?
Eunice Tedika et ses deux sœurs sont formelles, l’homme ne peut pas se rendre aux rendez-vous de CPN pour entre autres des raisons économiques.
« Comment peut-il venir avec moi à cet entretien ? Non, c’est impensable», s'exclame Mme Tedika. « Il faut y aller seule.»
Agent de la Fonction publique, Espérance Matezolo reconnaît avoir été accompagnée par son époux, uniquement sur recommandation du médecin. « Lorsque le médecin insistait pour qu’il y participe, il pouvait facilement trouver une dérogation », explique-t-elle.
La maternité Saint-Pierre réalise en moyenne 60 accouchements par mois. Pour la CPN, les femmes viennent tous les jours de la semaine avant midi. Sophie Kamalandwa, sage-femme depuis 36 ans, estime que le taux de participation des hommes n’atteint pas 10 %. « Nous passons souvent des journées sans voir un seul homme ».
« Ces rendez-vous sont généralement fixés entre 7heures et 12 heures. A ces heures-là, je suis sur mon lieu de service »,confie Carlos Bahati, habitant de Selembao et agent de garde d’un bâtiment public à Gombe.
« Non, je ne peux pas. Les hommes qui vont toujours aux CPN n’ont pas confiance en leurs épouses. Ils veulent suivre de près les étapes, de la première à la dernière et même les frais, ils veulent les payer seuls. Je ne suis pas ce genre d’hommes » se vante Arnold Komonende.
D’autres hommes ont indiqué avoir participé une fois aux séances sans en comprendre l’importance. « J’ai perdu ma journée inutilement », « c’est une affaire des femmes » ont-ils dit.
Par ailleurs, la même étude a prouvé que la participation de l’homme était 1,2 fois plus élevée chez les partenaires masculins dont les partenaires féminins étaient âgés de 25 ans ou plus.
A Médecins de nuit, établissement privé de santé, Dadou Nimi, commis au service d’informations et enregistrement des consultations, a appuyé cette hypothèse, soulignant « qu’il s’agit principalement des primipares ».
En ce qui concerne les heures des rendez-vous, Sophie Kamalandwa a précisé que « les services sont disponibles même le week-end et le soir pour tous les couples qui voudraient s’y rendre ».
Recommandations du PNSR
Contacté par le Desk Femme, Guy Mukumpuri, Chef de division de la première branche du programme national de santé de la reproduction (PNSR), précise que la participation de l’homme à la CPN permet de connaitre les problèmes liés à la grossesse de sa femme, de connaitre les signes de danger pour ne pas tergiverser lorsque les problèmes surviendront.
Prisca Lokale